Des parents âgés quittent leur campagne pour rendre visite à leurs enfants mariés et installés à Tokyo. Éprouvés par la perte d'un fils à la guerre, les parents expérimentent le délitement des liens familiaux quand ils constatent qu'ils dérangent le quotidien de leurs enfants concentrés sur leurs préoccupations personnelles. Seule la veuve de leur fils décédé leur témoigne affection et respect.


Ozu et sa caméra-fenêtre, contemplatrice du monde rendu réel où le temps, la vie et la mort travaillent à tout séparer : les couples, les générations, les fratries et la tradition révoquée par la modernité dans laquelle le Japon d'après-guerre s'est précipité. Le quotidien se brise avec humour comme un pied de chaise. La beauté ciselée des petites choses, le drame des petitesses, la grandeur humaine si humaine.
Tout est à sa place, construit, décidé, pertinent, chaque objet, chaque plan, chaque éclat, chaque silence : tout s'impose avec douceur et pudeur dans une esthétique de la simplicité travaillée à l'extrême. La caméra toujours se fixe : et la terre est si basse, dit l'image.
Rien n'est tranché ni jugé, ni innocent ni coupable : tout est pardonnable parce rien au fond ne peut être sauvé. Immense Ozu, jamais dénonciateur, toujours observateur : donner à voir. Ozu et sa si discrète affection pour les choses humaines.
Et surtout, d'abord et avant tout, ce ballet d'éventails.

PhilippeSaint_Martin
10

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Top 10 Films

Créée

le 14 sept. 2021

Critique lue 63 fois

3 j'aime

Critique lue 63 fois

3

D'autres avis sur Voyage à Tokyo

Voyage à Tokyo
Artobal
9

Le temps de Mémé est le temps de mourir

Le cinéma d’Ozu requiert de la patience et sans doute le renoncement, de la part du spectateur, à quelque espoir de divertissement. Pourtant ce cinéma est tout sauf austère et ennuyeux. C’est un...

le 8 févr. 2014

96 j'aime

12

Voyage à Tokyo
drélium
9

On se bouge les vieux !

Ce qui explique une nouvelle fois pourquoi j'ai tant de mal à me lancer dans les Ozu (même symptôme pour d'autres...). J'ai regardé l'horloge je ne sais combien de fois la première heure (pour...

le 21 janv. 2012

82 j'aime

6

Voyage à Tokyo
Dimitricycle
10

Si t'aimes pas le saké, Yasujiro de grenadine...

"Voyage à Tokyo" fait partie d'une poignée de films dont on peut décemment dire qu'ils sont parfaits. De tous les adjectifs qualificatifs qui me vinrent à l'esprit lorsque j'enlevai le DVD du...

le 15 avr. 2011

80 j'aime

28

Du même critique

Crónica de la guerra
PhilippeSaint_Martin
8

Chroniques modernistes

C'est bien en tant que chroniqueur que le dandy bohème Enrique Gomez Carrillo, écrivain latino-américain le plus connu des parisiens du début du 20ème siècle, est réellement talentueux. Ses...

le 29 sept. 2021

6 j'aime

Más rojo bajo el sol
PhilippeSaint_Martin
8

Un cheminement vers la lumière de la connaissance

La poésie d'Elsa Cross est un cheminement vers la lumière de la connaissance, un lien entre les mondes intérieur et extérieur, explorant une ligne mystique présente dans toute son oeuvre. Fortement...

le 29 sept. 2021

6 j'aime

Huitzil Uan Tuxtli
PhilippeSaint_Martin
7

Une poésie engagée et sensuelle

Auteur d'une oeuvre poétique prolifique, son écriture riche, personnelle, sensuelle, musicale et variée est engagée et rénovatrice. Sa poésie révèle une profonde préoccupation sociale et une...

le 29 sept. 2021

4 j'aime