Naomi Kawase aime la nature et elle a bien raison. Elle sait divinement la filmer, les forêts notamment, nous faisant ressentir de façon viscérale ce que signifie toucher un arbre plus que centenaire. C'est évidemment un cinéma contemplatif et panthéiste mais qui ne manque pas de grâce. Tout du moins dans sa première partie, avant de se perdre comme un petit poucet qui aurait semé des cailloux un peu partout sans pour autant retrouver sa route. Les dialogues sont peu nombreux mais on s'en réjouit plutôt car c'est alors l'occasion d'énoncer des truismes et/ou de pontifier avec pour témoin une "étrangère", à savoir Juliette Binoche, qui n'en finit pas d'écarquiller les yeux, de sourire ou de pleurer (entre High Life et Voyage et Yoshino, notre Juliette nationale, toujours prête à expérimenter, semble avoir fait les mauvais choix). L'intrigue, digne d'un mauvais film de science-fiction, se perd peu à peu dans une opacité forestière inextricable avec ses personnages qui apparaissent, disparaissent et réapparaissent sans explication. On rétorquera qu'il s'agit d'un cinéma à ressentir, comme un trip à la Terrence Malick, qui a la volonté de laisser l'imagination du spectateur vagabonder. C'est tellement vrai qu'on en vient, dans les dernières minutes, à penser à toute autre chose qu'au film.

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le 30 nov. 2018

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