Robert de Niro, après le très bon Taxi Driver, incarne de nouveau un soldat revenant aux USA après de la guerre du Vietnam. Avec quelques différences tout de même. Voyage au bout de l'enfer est bien plus complet que Taxi Driver puisqu'il représente les trois parties du voyage de Steven, Michael et Nicholas : ce qui précède le Vietnam, le Vietnam en lui même et ce qui suit. Trois parties donc pour un film qui nécessite une certaine endurance au visionnage pour ceux qui voudraient le regarder en une seule fois.

Clairton, Pennsylvania, 1968. Steven se marie avec Angela juste avant de partir au Vietnam avec ses amis, d'origine russe, comme lui. La petite ville de Clairton représente tout ce que l'Amérique des années 1960 fait de pire : une ville de province, industrielle et sordide. Ses habitants sont empêtrés dans leurs vieilles habitudes ; la ville sue l'ennui. Le film le montre parfaitement. Il le montre tellement bien que le spectateur également s'ennuie. 50 minutes de cette ville sans intérêt c'est trop. C'est l'erreur principale - et peut être unique erreur - commise par Michael Cimino. S'alternent dialogues précurseurs et dialogues sans intérêt avec ces proches, qui ne deviendront que des personnages d'arrière plan. Dommage.

La suite frise la perfection. La scène de la roulette chez les viets restera gravé dans mon esprit comme une des scènes les plus mythiques que j'aie pu voir au cinéma. Robert de Niro est transcendant, incroyable. Jamais il n'a atteint le même niveau dans un autre de ses films. Avec Christopher Walken, il forme un duo d'exception. Le chemin différent poursuivi par les trois hommes au Vietnam permet au film de dresser une vision extrêmement complète de la guerre et de ses conséquences.

La troisième partie, sans doute moins agréable, est exceptionnelle également. Le retour au pays est terrible pour ces hommes. La scène de la fin en est, je crois, la meilleure illustration.

Voyage au bout de l'enfer est un film mythique. Et il mérite de l'être. S'il comporte à n'en pas douter des longueurs, sa qualité est tout à fait exceptionnelle car il dresse un portrait complet d'une guerre qui a eu un pouvoir total sur ces hommes.
Thomas_Dekker

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