‘The Deer Hunter’ n’est pas un film de guerre, mais bien un film sur la guerre. Pour illustrer la portée psychologique qu’a pu avoir la guerre du Viêt-Nam sur les soldats de retour au foyer, l’œuvre repose sur une construction narrative simple : avant, pendant et après la guerre. Malheureusement, le film s’écarte parfois du sujet en prenant des tournures obscures, de la même manière que le rapport entre le titre du film et son propos est relativement étroit.

En fait, l’introduction peine à établir clairement ses enjeux, et se disperse dans des relations entre personnages un peu alambiquées. Le triangle amoureux formé par Michael, Nick et Linda manque parfois de clarté, les amitiés qui lient Michael au reste du groupe semblent bien fragiles, et on regrette que les personnages secondaires perdent vite leur intérêt. Hormis les sublimes images de chasse dans la montagne et l’excellente prestation de Robert De Niro, cette première heure n’est pas particulièrement passionnante, et on ne voit pas bien où le film veut en venir.

Vient alors la coupure brutale qui nous jette au cœur de l’enfer vietnamien. En quelques minutes, l’œuvre parvient à égaler l’intensité de l’horreur mis en scène dans ’Apocalyspe Now’. Avec une réalisation impeccable et un propos choc, cette accélération de rythme est captivante.

Mais le soufflé retombe bien vite, et le retour à la morosité de la vie en Pennsylvanie replonge le film dans le même flou scénaristique qu’en introduction. Evidemment, Michael est devenu plus froid et distant, il ne parvient pas vraiment à renouer avec Linda et son amitié avec Stan bat de l’aile. Mais après tout, rien n’a vraiment changé puisqu’il semblait déjà avoir renoncé à Linda avant le Viêt-Nam et qu’il avait également avoué ne pas supporter Stan. De même, les troubles psychologiques dont souffrent Nick semblent n’être qu’une façade (pourquoi enverrait-il de l’argent à Steven sinon), et on a du mal à comprendre ses motivations. Au milieu de ces légers points de confusion, on ne peut s’empêcher de penser que le récit traîne en longueur. Au moins, le réalisateur Michael Cimino fait preuve d’un véritable savoir-faire, proposant quelques jolis plans (le cercueil de Nick dans le corbillard).

Plus confus que pertinent.
Kroakkroqgar
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le 22 mars 2015

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