Trois petites années après la fin de la guerre du Vietnam, Voyage au bout de l'Enfer arrive dans les salles obscures d'une Amérique aux plaies encore ouvertes. Véritable reflet de la société de l'époque, il révèle que tout le monde a été touché par le traumatisme de ce conflit.


Le film s'ouvre sur une petite communauté de Pennsylvanie qui s’apprête à célébrer un mariage. Le récit prend son temps et introduit le groupe d'amis sur quasiment une heure, ce qui peut sembler déstabilisant mais qui prend tout son sens par la suite. Le deuxième acte, le plus court, se déroule bien évidemment au Vietnam. Le peu qu'on voit est tout simplement glaçant, à cause de l’effondrement psychologique d'un des personnages d'une part et le suspens introduit par le jeu de la roulette russe d'une autre.


Mais le plus émouvant (ou le plus écœurant, c'est selon) dans le film c'est le retour du héros dans sa ville natale. Bravo à Cimino pour en avoir dit autant sans en faire des caisses, tout est en finesse. La rupture du langage entre ceux "qui y étaient" et ceux qui ne peuvent qu'imaginer, c'est écrasant. Le personnage de Meryl Streep, qui a pourtant été pensé à la base comme un personnage secondaire, exploite tout son potentiel et devient le deuxième protagoniste le plus réussi (derrière celui de Robert De Niro). Avec son cœur qui balance et sa souffrance refoulée, elle incarne toute l'ambiguïté des personnes qui ont vu leurs proches partir à la guerre.


On n'oubliera pas les scènes de parties de chasse, tout simplement somptueuses. Elles bénéficient d'une photographie impeccable et d'une symbolique forte (surtout la dernière...). La musique devient particulièrement expressive lors de ces séquences, on retrouve les chœurs du mariage. Le reste du temps, elle fait dans la simplicité, ce qui est au final aussi marquant que des grosses compositions musicales.


Un grand film qui possède une aura particulière due à son contexte de sortie. Je le trouve quand même un brin surestimé, le long-métrage ne m'a pas emmené aussi loin que je l'aurais voulu.

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le 4 oct. 2015

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