Voyage au centre de la Terre fait partie de ces films qui puisent leur source au monde de l'enfance. D'abord littéraire, bien entendu. Cette adaptation du roman de Verne prend d'heureuses libertés avec le texte original à plusieurs titres. Foin de toutes ces descriptions naturalistes qui faisaient le prétexte éditorialiste du roman didactique. Le monde souterrain se remplit de sauriens gigantesques et de ruines atlantes mêlant le fantastique horrifique aux merveilleux des mondes perdus dans une sorte de bestiaire mythologique dont l'impact et la grâce sont encore aujourd'hui manifestes

D'autre part ce film destiné principalement à la juvénile engeance passait jadis régulièrement à la télévision sur le chaînes hertziennes pendant les vacances scolaires et a, de ce fait, marqué une bonne floppée de marmots téléspectateurs vite conquis. Je fus sans aucun doute l'un de ces plus enfiévrés passionnés. Le regard que je porte aujourd'hui sur ces bouts de pellicule est par conséquent empreint d'une grande tendresse, d'une immense reconnaissance (ces films nourrissent la machine cinéphile) et bien sûr d'une douce nostalgie. Je me souviens : le plaisir éclatant à découvrir ce récit haletant, inquiétant, ces aventures souterraines, pleines de couleurs et de suspense. Des après-midis de Noël ou d'été subjugués.

En effet, la production a misé sur une foison de décors variés, colorés et contrastés. On se doit de saluer ici le travail considérable effectué par l'équipe sur les décors en carton pâte ou bien sur les effets visuels, bien évidemment sans aide numérique donnant encore aujourd'hui un résultat d'une poésie émouvante, et qui a influencé une large part des créateurs hollywoodiens jusqu'à l'ère informatique. D'Indiana Jones aux Goonies, les périls et les mondes souterrains se ressemblent étrangement.

De plus il est toujours heureux qu'une production aussi spectaculaire, qu'un divertissement aussi populaire (vulgaire) soient dotés d'une si prestigieuse distribution. A part Boone, dont le poitrail suant et musclé était sans doute destiné à faire reluire les adolescentes friponnes, on trouve en James Mason un comédien confirmé. Il est même plus que cela, il est tout bonnement un des meilleurs acteurs anglais de tous les temps ever, dont l'étendue des capacités parait illimitée, un acteur fascinant. Arlene Dahl est une comédienne très intéressante, qui n'a pas connu une très belle carrière cinématographique mais qui offre ici une prestation en tout point remarquable, avec un rôle de femme forte. Sa beauté est merveilleusement mise en valeur par Levin qui saisit intelligemment avec sa caméra la finesse de ses traits dans des situations les plus variées.

Ajoutez à cela une bande musicale de l'incroyable Bernard Hermann, jouant sur des sons caverneux et lugubres, et vous avez là une association admirable pour un spectacle son et lumières intense.

S'il n'était cette fin croquignolesque, bâclée par un excès de précipitation qui dépasse les limites de la crédibilité déja fortement titillées jusque là, le film est une très belle réussite, une adaptation qui a su s'émanciper des longueurs du récit initial pour proposer un magnifique périple de plus de deux heures qui passent à toute vitesse. Dans l'espace restreint des films d'aventures fantastiques des années 50-60, ce film est indéniablement sur le podium d'excellence.
Alligator
9
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le 30 mars 2013

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Alligator

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