VOYAGE OF TIME (14,8) (Terrence Malick, USA, 2017, 90min) :
Sublime poème méditatif, somptueuse ode sur la place de la nature et l'homme dans l'univers. Terrence Malick nous invite à décliner de façon plus exhaustive son voyage à travers le temps et la création de notre planète entamer par bribes au sein de sa palme d’or The Tree of Life (2011). Cette fois ci point de rendez-vous uniquement avec l’arbre de vie, l’ambition du réalisateur est de nous raconter la genèse au fil de la vie de notre planète bleue. Ce ballet épique et lyrique de l’infiniment petit à l’infiniment grand tournée en pellicules 35 millimètres, permet de déployer une mise en scène virtuose accompagnant un récit partiel de toutes les formes de vies apparues depuis le Big Bang, ce dernier articule les premières séquences de ce projet absolu. La radicalité de l’œuvre s’illustre par le choix d’un scénario réduit à son minimum où le fil rouge s’articule entre « Le Passé, Le Présent et le futur » où les images de nature se font télescoper par des saynètes où les humains procèdent à des tâches quotidiennes ou des rites suivant leur culture. Ces imbrications interviennent dans un format d’images plus resserré et avec une photographie beaucoup moins soignée pour mieux souligner la petitesse où l’aspect misérable de l’Humain (ce qui est un peu contestable comme choix) par rapport à la nature et sa médiocrité dans ses comportements vis-à-vis d’elle ce qui est plus judicieux. Le réalisateur opte pour une narration radicale en voix off, où de façon très solennelle et sans beaucoup d’émotions la voix chaude de Cate Blanchett enchaîne les aphorismes mystiques comme une prose mantrique laissant au bout du conte, le spectateur dubitatif dans cette incantation à la vie. Cette odyssée cosmique, sous-marine et terrestre nous laisse ébaubi par de très nombreux plans d’une grâce divine époustouflante (volcans, océans, ballet de méduses, faune et flore…) mais souffre malheureusement lors de l’utilisation d’effets spéciaux CGI pas toujours convaincants, notamment lors de la représentation des dinosaures. Ce trip panthéiste grandiloquent au travail sonore stupéfiant s’accompagne d’une musique élégiaque, mais non religieuse, pour laisser aller nos sens vers une communion presque chamanique avec la nature des images. L’aspect philosophique de l’œuvre fait écho bien entendu à 2001, l’Odyssé de l’espace (1968) de Stanley Kubrick, et nous propose un voyage intérieur dans la métaphysique en nous questionnant sur le sens de la vie et de notre passage sur Terre. Une expérience cinématographique unique aux nombreuses images foudroyantes de beauté dont l’absolutisme narratif laisse malheureusement un petit goût d’inachevé dans le sens où la durée semble trop courte pour narrer totalement la naissance de la vie. Un hymne intemporel à l’Univers. Une célébration grandiose, étourdissante, austère et fascinante.