Voyage of Time, le film en lui-même, n’est pas incroyable. Certains plans le sont, par leur beauté parfois inouïe hypnotique ou leur lyrisme, mais dans l’ensemble ça n’a pas l’ampleur formelle ni théorique des inoubliables et bouleversants Koyaanisqatsi ou Baraka. Le film de Malick étant quand même un voyage sensoriel dans cette lignée.
Malgré tout le film me passionne car je le vois comme une sorte d’apothéose de ce que me semble chercher Malick depuis Tree of Life. A savoir une ambition toute aussi folle que naïve, l’obsession d’essayer de capter une idée de la vie. Mais pas la vie telle que pourrait la concevoir tel ou tel documentariste, ou tel ou tel cinéaste de fiction par le biais d’une mise en scène libre par exemple (Rozier,…). Chez Malick, la vie c’est le mouvement, ce n’est que ça. C’est ce qu’il cherche dans chacun de ses plans. Le film est presque un Musical, une chorégraphie permanente où tous les éléments dansent (humains, animaux, végétaux, vent, flux, matière,…) dans un même élan. Le travail de découpage, la fragmentation qui caractérise ses derniers films, participent à cette idée, et prouvent la difficulté, l’impossibilité, d’enfermer la vie dans un espace défini. Elle sort du cadre, saute d’un plan à un autre, échappe au regard….
Le projet Voyage of Time, rien de moins que de raconter la naissance de la vie sur Terre, pourrait paraître ampoulé, naïf, prétentieux,… ce que l’on veut. Il ne n’est jamais car il y a une telle innocence et sincérité chez le cinéaste, une telle envie d’expérimenter et de fouiller par le biais du cinéma cette idée qui semble l’obséder plus que tout, que ça devient vraiment touchant. Pas à travers le dialogue entre la Terre mère et la fille vie, pas immédiatement avec ce que montre les images. Mais dans les interlignes. Dans les liaisons. Et dans ce mouvement.