Il y avait une affiche sensuelle prometteuse, un peu dans les mêmes teintes que The Neon Demon, film médiocre du pourtant très talentueux Nicholas Winding Refn.
Les deux jeunes acteurs principaux, Tye Sheridan et Lilly Rose Depp à poil dans un vaisseau, ça pouvait flairer bon l'érotisme tendancieux dans l'espace. Que nenni !
Faut-il rappeler que pour faire un bon film, il faut une bonne histoire ?
Pour ce qui était du pitch, ça piquait déjà, mais quand on aime le genre, on se laisse prendre au jeu. Et le climax proposé au départ par "Voyagers" porté par la puissante musique de Trevor Gureckis ( rappelant celle d'Howarth et Carpenter dans New York 1997 ) pouvait laisser espérer, sinon un chef d'oeuvre, au moins un petit film sympathique.
Que nenni ! L'on s'ennuie ! Et on finit par s'agacer, aussi. Car l'histoire bascule assez vite, trop vite même, dans la médiocrité. Et les rares bonnes scènes sont vite oubliées car noyées dans un melting-pot incohérent et ridicule. On tape à gauche à droite, et les promesses initiales ne sont jamais tenues. Au final, un pur gâchis. Pas de sensualité, pas d'érotisme, pas de tension, pas de suspense, peu d'action, juste quelques élans, quelques fulgurances ( je pense notamment aux courses des ados dans le vaisseau entre autre )
Où donc ont-ils été chercher cette histoire de merde ? Désolé, je suis ordurier, mais il y a tellement de bonnes histoires inexploitées dans l'univers de la SF. Neil Burger ? Hum ? Et Silverberg, tu connais ? Je te place, Bob. Avec Les Monades Urbaines, les gamins se seraient bien plus éclatés. Ici, ils sont juste paumés et n'ont surtout rien à se mettre sous la dent alors qu'ils sortent à peine du Blue et qu'ils peuvent se découvrir les uns les autres. A part faire à part du jardinage et des réparations, lâcher un surexcité pervers dans le vaisseau, une nympho esseulée, le reste du groupe est sous lexomil, et les joujoux en plastique prêtent aux rires.
Le problème majeur de ce "Voyagers" fauché mais habilement masqué esthétiquement, c'est qu'il n'a pas de matière. Les guéguerres de pouvoir à la Snowpiercer version ados prépubères sont mal amenées si tant est qu'elles auraient pu être intéressantes. La découverte du désir est inexistante. Le mensonge autour de l'Alien pourtant pas con dans l'idée et le vaisseau pour seul huis clos sont bien trop peu exploités. Le reste n'est qu'un fourre-tout sans fond. Le coup du Blue, pour exemple, c'est du Soma revisité, mais passons, on veut taper dans le Meilleur des Mondes? Ok ! Why not ! Voyons la suite. Mais il n'y a pas de bascule. Ca part très vite en vrille. Et encore, en vrille...
Quand on a un budget restreint, on essaie au moins de bien jouer, déjà, et d'avoir un scénario solide. Des films comme Primer, Chronicles, The Paltform pour ne citer qu'eux car il y en a d'autres, l'ont fait avec brio. Et dans le même type de huis clos intergalactique, la série "Origin" est bien plus prenante car elle utilise très bien le lieu. Le trop sous-estimé Europa Report proposait aussi de son côté des problématiques plus intéressantes dans les rapports humains. Ici, on nous ment sur la marchandise. On nous promet des choses qui n'arriveront jamais, du coup "Voyagers" devient prétentieux. Les jeunes acteurs déjà peu charismatiques ne sont pas travaillés et livrés à aux-mêmes, pour beaucoup, sous Lexomil même sans le Blue, c'est dire ! Le méchant garçon est juste grotesque et en fait des tonnes en serrant les dents pour bien montrer qu'il est énervé, Oh my God, quelle piètre jeu. Tye Shéridan fait quant à lui ce qu'il peut dans cette vraie galère intergalactique dont les rares sorties dans l' espace pourtant correctes n'apportent rien.
Pour ce qui est du père Colin Farell, ça passe, mais il ne fait que passer, lol ! Dommage, c'eut été plus intéressant de le voir continuer à manipuler ses brebis. Il aurait peut-être sauvé le film mais j'en doute fort. On se coltine en plus le fils Stark de Game of Throne, qui n'a pas changé d'un iota dans son jeu, toujours aussi apathique et soporifique, sous Blue en permanence, lol !
Et comme une cerise sur le gâteau, il y a la puissante musique de Trevor Gureckis qui se bat vainement pour faire sortir de leur torpeur des ados endormis, ailleurs, ou juste pas concernés.
Au final, Voyagers est un téléfilm tendance "syfy", alors pourquoi j'ai quand même mis 5, me dirait Trotty ? Parce que je n'ai malgré tout pas eu à accélérer. Mais bon, c'est tronqué à cause de la partition royale de Trévor Gureckis qui, lui, m'a tenu en haleine de bout en bout, le coquin.