Histoire de Foos...

La première demi-heure du film reprend des éléments du livre de Gay Talese sur Gerald Foos dit "le voyeur" et cela pose le contexte.
On balance les " highlights " racoleurs de cette fameuse histoire pour que le spectateur accroche vite et c'est parti ! (Recette Netflix)

Par la suite, le documentaire bascule dans une direction inattendue ou il faut sûrement lire entre les lignes pour démêler le vrai du faux.

L'histoire qui s'est déroulée au Manor house à Aurora se présente comme hors-norme et Gay Talese en fin limier l'a bien sentie, mais la question qui se pose réellement dans le film est la suivante : à quel point tout ce que Gerald Foos dit avoir vu et fait s'avère vrai ?

Dans un sens, le documentaire (car sorti aprés) apporte un bon contre point au livre et nous invite même à douter de l'expérience vécue du voyeur.

Mais au fil des minutes le doute s'épaissit aussi sur la démarche journalistique de Gay Talese.

Le film n'est pas très bien réalisé et utilise des traitements narratifs sans surprises (reconstitutions bancales, mises en scène avec Foos etc..) mais distille tout de même brillamment des pistes de réflexion qui nous amène fortement à nous questionner.

Que ce soit dans le livre ou dans le film, on se fait embarquer par l'histoire, mais cette dernière installe un goût d'inachevé, on aimerait plus de preuves sur ce que le voyeur avance.

Il demeure aussi une autre déception, car à la fin du documentaire, nous n'en savons pas plus sur la possibilité d'extraire de l' expérience de surveillance de Foos, une réelle étude sociologique pertinente. Même de ce point vue, les analyses du voyeur comme les interprétations du journaliste déçoivent et restent incomplètes.

En résumé, on finit un peu frustré (dommage, vu le sujet) et cela revient donc à chacun de se faire sa propre idée, puis de combler les vides.

Un manque de vérification de Gay sur la solidité de l'histoire, des oublis nébuleux dignes des premiers symptômes d'un Alzheimer provenant de Gérald, le tout donnant une recette qui conduit même le spectateur à se demander si les deux énergumènes ne sont pas complices.

Tout cela peut-être, dans le but que le livre de Talese sur Foos ne provoque pas un nouveau scandale journalistique aussi marquant que celui de Stephen Glass. (Histoire adaptée au cinéma et ayant pour titre Le Mystificateur réalisé par Billy Ray avec Hayden Christensen...).

Honnêtement dans le documentaire, les deux protagonistes principaux ne sont pas dépeints de manière positive et nous avons presque l'impression de nous trouver en compagnie de deux déviants face à une histoire qu'ils ne contrôlent plus.

À mon avis, le film avait pour objectif inavoué de démonter l'enquête de Talese. Sans avoir réussi totalement, les réalisateurs ont quand même été plus loin que le livre du journaliste. Cet ovni cinématographique donne la possibilité de voir en image les personnages principaux, leurs regards, la façon dont ils s'expriment, réagissent et tout cela en dit long pour se forger une opinion.
Documentaire à voir !