« Wadjda » est arrivé sur nos écrans accompagné de son aura de premier film saoudien. Le fait que Haifaa Al Mansour, la réalisatrice, soit une femme n’a fait qu’accentuer le phénomène. Je vous avoue que je suis traditionnellement hermétique au cinéma issu de cette région du monde. J’ai le sentiment de toujours avoir droit à la même histoire, aux mêmes thématiques… C’est donc par hasard que j’ai eu l’occasion de tomber sur la bande annonce de cet opus en allant voir « Hitchcock ». Elle m’a plutôt plu. J’avais le sentiment de me trouver devant un cousin de « Joue-la comme Beckham » dans lequel le ballon de foot est remplacé par une bicyclette. Je me suis donc laissé tenter la semaine dernière d’aller voir ce film sorti le six février et dont la durée avoisine les cent minutes.
Wadjda est l’héroïne du film. Elle est âgée d’une douzaine d’années. Son quotidien se résume à passer sa journée à l’école coranique. Elle habite à Ryad avec sa mère. Son père passe de temps à autre, trop occupé qu’il est à trouver une seconde épouse. Mais la jeune fille a un rêve : s’offrir un vélo et faire la course avec son ami Abdallah. Mais à Ryad, on interdit cette activité aux femmes car elle met en danger la vertu. Heureusement, Wadjda a son caractère et ne se laisse pas abattre devant cette adversité d’apparence insurmontable…
La réussite de ce genre de film résulte en grande partie de l’empathie qu’on ressent à l’égard de l’héroïne. Sur ce plan-là, le film démarre bien. Wadjda nous est tout de suite sympathique. La voir gérer ses petites affaires pour accumuler des économies, la voir s’éclater à écouter du rock dans sa chambre, la voir se rendre à l’école en basket… Tout cela fait qu’on s’attache rapidement à cette petite au sourire ravageur qui brave les interdits de sa hauteur d’enfant. Au-delà de sa personnalité déterminée, on savoure également les moments qu’elle partage avec sa mère ou avec son meilleur ami. Sans déclencher chez le spectateur des torrents d’émotion, certaines scènes intimes ne laissent pas indifférent.
Evidemment, l’histoire nous immerge dans le quotidien des femmes en Arabie Saoudite. Les femmes ne peuvent pas conduire, les jeunes filles doivent se cacher pendant la récréation afin qu’aucun homme ne puisse les voir…. Les anecdotes sont nombreuses et démontrent la difficulté du quotidien des saoudiennes. Néanmoins, ce militantisme politique n’oppresse pas la narration. C’est agréable. Sur ce plan-là, la réalisatrice fait preuve de subtilité. De plus, le scénario présente une grande variété de personnages qui gravite autour de l’héroïne. Ils sont tous plutôt bien réussis. Que ce soit la directrice de l’école, le chauffeur de taxi ou le vendeur de vélo, tous donnent de l’épaisseur à l’univers dépaysant de l’histoire.
Concernant l’intrigue en elle-même, elle suit des chemins plutôt classiques. La situation apparait insurmontable pour Wadjda. On commence à y croire quand elle commence à accumuler quelques monnaies. Mais la somme à trouver reste importante. Elle décide donc de s’inscrire à un concours de récitation coranique lui promettant, en cas de victoire, les moyens d’acheter sa bicyclette. On suit donc son apprentissage qui mène vers le dénouement que je vous laisserai découvrir. Je ne peux pas dire que le film est une succession de rebondissements. Mais les anecdotes qui s’enchainent plutôt bien font qu’on ne s’ennuie pas une seconde.
Au final, « Wadjda » est un film agréable que j’ai regardé avec plaisir. J’ai passé un bon moment à suivre les aventures de cette sympathique fillette. Le dépaysement est évident. Néanmoins, l’intensité dramatique et émotionnelle est peu approfondie et m’a empêché d’être profondément bouleversé par l’histoire. Mais tout cela n’est pas bien important en comparaison des nombreuses qualités que présente ce film. Je vous conseille donc vivement de partir la rencontre de cette petite fille que vous aimerait dès son premier sourire…
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