Tu l'as vu mon missile ?

Un film brillant, à rapprocher de l'exceptionnel Docteur Folamour de Kubrick.

Le film comprend de nombreux intérêts, et le moindre n'est pas la plongée passionnante dans les méandres de la force de frappe nucléaire américaine. Quand on regarde ce film, ou Docteur Folamour, ou encore lorsqu'on lit Watchmen, on saisit mieux ce que la peur de l'holocauste nucléaire pouvait être. Les centres sont perpétuellement en alerte, les missiles dressent leurs têtes hargneuses, prêts à frapper ... On s'aperçoit comment un ordre mal compris, mal interprété, peut conduire au pire, combien le déclenchement d'une frappe peut être conduit rapidement.

Ensuite, le film questionne sur l'informatisation de la guerre. Un ordinateur insensible vaut-il mieux qu'un homme qui hésite au dernier moment avant d'appuyer sur le bouton condamnant des millions de vies humaines ? Efficacité accrue, mais aucun système informatique n'est à l'abri d'un piratage. La paix du monde est ici suspendue aux capacités ce hacker d'un gamin.

Le film, dans un passage très sombre, parle aussi de fin du monde, d'extinction de l'humanité. C'est aussi une critique de la course aux armements relancée par Reagan.

Ces thèmes sont complexes sont remarquablement bien traités : on ne reste pas sur sa fin, malgré la brièveté du film. Le scénario s'évite toute facilité, et la réalisation, propre mais sans génie, nous tient en haleine tout le temps du film.

Il serait injuste de ne pas rendre hommage aux deux jeunes acteurs, et principalement Matthew Broderick, qui campe un jeune informaticien loin des clichés du reclus boutonneux : séducteur, blagueur, brillant, il épate par sa fraîcheur. Une fraîcheur partagée par Ally Sheedy. Un couple léger, qui offre un contrepoids parfait à la gravité du sujet du film.

Je vous le recommande chaudement, c'est un témoignage avisé sur la Guerre Froide, et un excellent manifeste pacifiste : "Le seul moyen de gagner la III° Guerre Mondiale, c'est de ne pas la déclencher."