War Machine
5.5
War Machine

Film de David Michôd (2017)

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Le statut de ce film peut déjà se placer au coeur de la véritable polémique qu'il lance : la comédie. War machine est une comédie sur une mascarade. On sait donc que l'on va rire pendant à peu près deux heures du fiasco de la guerre en Irak et d'un général (Brad Pitt en crétin sincère) qui se heurte à la réalité. Les films de guerre classiques font un bilan de situation qui va dans le même sens, pointant l'échec de la politique d'ingérence et du désastre humain que constitue la politique étrangère américaine (et plus globalement occidentale, les pays d'Europe venant régulièrement se salir sur le même terrain). Mais nous allons en rire. Car de toute façon, que pouvons nous y faire ? Tout en déroulant son intrigue, à la fois sous forme d'un voyage initiatique pour le général et d'une surenchère progressive dans l'absurdité pour nous (le film décroche même durant sa dernière demi heure, coupant régulièrement le son avec une musique planante qui nous emmène dans un autre monde (le dernier film ayant tenté ce genre de digression était Jarhead et son passage sur Crematoria)), le film cultive constamment ce sentiment d'impuissance. A la fois pour les militaires, mais aussi pour nous autres, spectateurs. Quoiqu'on fasse, on ne peut plus agir même par le vote. Alors, il ne nous reste plus qu'à en rire, si possible de façon bien grasse. Aussi, le film cherche constamment à être drôle, de façon lourde (le jeu outrancier de Brad Pitt y est pour beaucoup). S'il laissait l'absurdité de la situation prendre le dessus tout en conservant la dimension sérieuse des personnages, cela serait encore tolérable, mais là, on insiste, on insiste, il faut en rire même si c'est grave. Et cela cultive donc ce sentiment d'impuissance, puisque notre seule réaction peut dès lors être la poilade (et une vague mélancolie quand la voix off ponctue le récit). Reconnaissons lui toutefois quelques envolées humoristiques réussies, dont la meilleure doit être le plan final du film, où l'on voit, succédant à un Brad Pitt usé, un Russell Crowe remonté comme un taureau avec la même tête que dans l'épisode de South Park, qui provoque un fou rire immédiat et durable. Hélas, le bourrinage n'est pas toujours aussi sincère dans cette comédie, qui recycle au final le fond sans que la forme ne soit particulièrement efficace. En soit, le résultat n'a rien de honteux, mais au final, les autres films sérieux qu'on a pu voir sur le sujet sont davantage respectueux des soldats (qui sont ici des beaufs bourrins plus ou moins déprimés) tout en ciblant la critique de façon claire.

Voracinéphile
5
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le 11 juin 2017

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