Chronique en ligne
Replongeons-nous plus de dix ans en arrière.
2005: La déferlante World of Warcraft envahit la planète, rapidement consacré comme le jeux-vidéo massivement multi-joueurs le plus populaire de tous les temps. A l'instar d'un Prince Of Persia, la rumeur court bientôt qu'un film sur la saga de Blizzard serait en préparation . Le projet mettra des années à se concrétiser, cumulant fausses annonces et délais, passant entre différentes mains, avant qu'une déclaration officielle ne brise le silence: 2016 verra l'emblématique MMORPG sur grand écran.
Duncan Jones fut ainsi le maître d'œuvre derrière ce projet tant attendu. L'univers de la saga est vaste; car avant WoW, il y avait également les jeux de stratégie Warcraft, dont le troisième épisode a révolutionné le monde du STR et apporté une nouvelle dimension à l'heroic fantasy. Là où beaucoup de joueurs attendaient un scénario calqué sur ce populaire opus, Jones prend le risque de respecter la frise chronologique, en commençant… par "Le Commencement". Plus précisémment le cadre narratif de Warcraft I: la première altercation entre les Orcs, fuyants leur monde damné de Draenor, et les Humains d'Azeroth. Est également abordé la corruption de certains clans peaux-vertes durant cet exode, le mal de la légion ardente personnifié par le démoniste Gul'dan.
Premières impressions: visuels, costumes, jeu de couleurs, armures, races présentes, design des villes
(Stormwind, IronForge, Goldshire, le Kirin-Tor, Kharazan…), créatures fantastiques (griffons, et même un murlock!), authenticité des personnages, représentation de la magie… le film est truffé de références à l'univers heroic fantasy du jeu d'origine. Et ce jusqu'au plan d'ouverture, qui n'est pas sans rappeler la première cinématique de Wacraft III: Reign of Chaos.
Autrement dit, la direction artistique est remarquablement fidèle à l'univers vidéoludique. D'une ambiance visuelle colorée et vivante, le film est aussi la preuve qu'un long-métrage façonné par la CGI (computer-generated imagery) peut être fluide et convainquant. D'autre part, pour respecter cette saga aux graphismes "cartoon" et aux races singulières, Duncan Jones n'avait pas d'autres choix que d'utiliser les images de synthèse. Même si Garona, par exemple, nous rappellerait volontiers les scènes aventurières d'Avatar.
Volet scénario, le film met en scène quelques-uns parmi les plus emblématiques personnages de Warcraft: le champion Lothar, le chef du clan Frostwolf Durotan, son "pote" Orgrim Doomhammer, ou encore l'assassine demi-orc Garona. Si la brutalité de l'invasion Orc sur Azeroth crée un rapport de force inverse à celui du Hobbit (comprenez que les humains sont submergés -même un peu trop- par les hordes de peaux-vertes), le reste de l'intrigue est mitigé. En effet, le film dispose de personnages stéréotypés, d'une romance dispensable, de dialogues perfectibles et d'une morale un peu faiblarde.
Ceci étant dit, les péripéties sont soulignées par un bon casting: un Ben Foster parfait dans le rôle du gardien Medivh, le héros de la série Vikings Travis Fimmel, ainsi qu'un éventail d'acteurs habitués aux moyennes productions, mais parfaitement imprégnés de cet univers (mention spéciale pour les Orcs). Seul Travis Fimmel a du mal à se détacher de son rôle éponyme, à l'instar d'un Peter Dinklage dans X-Men Days of Future Past par exemple.
VERDICT:
Scénario: 3/5
Ambiance visuelle: 4.5/5
Musique: 3/5
Jeu d'acteurs: 4/5
Adapter un jeu-vidéo en film est un exercice trompeur: lucratif sur la forme, très difficile sur le fond. Et force est d'admettre que Duncan Jones s'est donné beaucoup de mal pour que son film retranscrive au mieux l'esprit, le design et la richesse de Warcraft. Auteur de petites productions tels que Moon ou Source Code, il signe ici -dans le monde des blockbusters- un premier jet qui a du mérite. Des défauts de mise en scène, de scénario et de charisme des personnages sont cependant bien là.
Warcraft sur le grand écran "commence" tout juste, mais promet une fresque rendant véritablement hommage aux loisirs vidéoludiques.