L'origine du mal

"la plus belle réussite dans la vie, c'est la famille" peut-on entendre ici et là. C'est sans doute vrai, encore faut il réussir. C'est sans doute le constat que tire Eva quand son fils Kevin fait un massacre dans son lycée. A partir de ce moment, elle devra vivre avec la culpabilité d'avoir enfanté un monstre, à ses yeux et aux yeux du quidam.
Un monstre avec qui elle n'est jamais arrivé à établir un "vrai" contact. Le film de Lynne Ramsay mêle passé et présent, afin d'accentuer le caractère inéluctable de l'horreur que Kevin va propager. En insistant sur les effets miroirs (Eva/Kevin) et ceux de couleurs (le rouge, évidemment), la réalisatrice créée un univers froid et dépressif, dans lequel il est très rare de voir une lueur salvatrice.
Tilda Swinton est absolument magistrale en mère dépassée et dévorée par son fils et un sentiment croissant de culpabilité. Ezra Miller, tout comme Jasper Newell, en impose en fils sociopathe, apparemment dénué de tout empathie. Violent, dur et poignant, ce film nous oblige à faire face au cercle vicieux de la culpabilité et de la violence. La dernière, à ce titre, est émotionnellement intense et nous reste gravée longtemps dans le crâne. C'est toute le puissance de ce film, qui ne risque pas d'être oublié vite.