We Need to Talk About Kevin par Reka

J'ai adoré le roman de Lionel Shriver qui a fait l'objet de cette adaptation cinématographique... Mais, sans vraiment me déplaire, le film de Lynne Ramsay m'a déçue, comparativement au livre.

Le roman étant très orienté sur la psychologie et le ressenti, la réalisation de ce film constituait déjà, à la base, un défi complexe... J'ai inévitablement eu à souffrir de l'impossible reproduction de cette ambiance perçue à la lecture du livre. Une ambiance qui n'est qu'affaire d'intériorité, et qu'on loupe ici tout à fait, par la force des choses...

Les acteurs jouent admirablement bien mais - impossible de m'en défaire... - si je suis parvenue à trouver une vague coïncidence entre l'image que je m'étais faite du personnage de Kevin et l'acteur qui l'incarne à l'écran, les personnages d'Eva (Tilda Swinton), la mère, et pire, de Franklin (John C. Reilly), le père - qui fait figure d'homme limite bêta dans le film, caractéristique imperceptible dans le livre, heureusement! -, étaient extrêmement loin de mes représentations personnelles à la lecture du livre de L. Shriver !

J'ai beaucoup aimé la reproduction du passage où Kevin tombe malade. En revanche, j'ai trouvé le scénario globalement décousu (ces flashbacks et ellipses se succédant à un rythme effréné au début du film m'ont paru tout à fait déstabilisants, incommodants, pour ne pas dire inutiles) et les musiques d'arrière-plan en décalage complet avec l'atmosphère du film.
Aussi, j'ai été gênée par certains raccourcis, et par quelques modifications de la trame littéraire qui rendent, dans le film, la vie d'Eva Khatchadourian d'une gravité surfaite et invraisemblable.

Bref, ceci n'est que l'avis formaté de quelqu'un qui a Savouré et Encensé la source : le livre. Sans doute aurais-je mieux appréhendé les qualités de ce film (tout en ayant peut-être davantage de difficultés à le comprendre?) en partant de zéro.
Il n'empêche qu'à mon sens, il manque à ce film le grand "quelque chose" du livre.

Si vous ne l'avez pas encore visualisé, prenez cette peine, lisez le roman - selon moi tellement plus puissant et remarquable - AVANT!