Abel Ferrara et Gerard Depardieu. Il ne m'en fallait pas plus pour me convaincre de voir ce film. Je ne suis pas passionné par l'affaire DSK, mais j'étais assez curieux de voir ce que le réalisateur de Bad Lieutenant pouvait en sortir.
Dire que le résultat est décevant serait un doux euphémisme. "Welcome to New-York" donne l'impression d'avoir été torché le plus vite possible comme si Ferrara avait eu peur que quelqu'un d'autre fasse un film sur le même sujet avant lui.
D'un point de vue mise en scène, il n'y a rien. Pas de point de vue, pas de cadre travaillé, pas même de style. Ferrara pose sa caméra à un endroit aléatoire et attend patiemment que les acteurs fasse leur job. On dirait Bernard Henry Levy qui s'improvise cinéaste dans "le jour et la nuit" !
Coté acteur, ça pue la mauvaise improvisation. On imagine bien Ferrara dire à ses acteurs : "bon les gens, j'ai pas eu le temps d'écrire les dialogues de cette scène, donc je vais plutot faire confiance à votre talent d'improvisation ! Gerard, Jacqueline, contentez vous de vous engueuler". Ce qui nous donne des scènes dans lesquelles on entend Depardieu gromeller dans un anglais approximatif des "Give mi maille selle fone plize" et des "Aïe dideunt dou ouat dé saide" pendant des plombes.
Visiblement le monteur était en RTT. Ferrara s'attarde pendant de longues minutes sur des scènes qui n'apporte strictement rien à l'intrigue. Ferrara n'a tellement rien à dire dans son film que si le film avait été monté correctement il aurait sans doute duré 45 minutes.
Car oui ! Ferrara ne vous dira rien de plus que ce que vous savez déjà sur cette affaire. Et c'est à mes yeux le plus gros point noir de ce film. Quand on fait un film inspiré de fait réel, on se documente, on enquête. On essaye de découvrir des choses que le public ne connait pas. Là, Ferrara s'est juste contenté de relire les journaux et de faire de DSK une caricature de lui même. Son personnage n'a aucune profondeur. Il est juste dépeint comme un gros porc et c'est tout. Peut-être que DSK était effectivement un gros porc, mais j'ose espérer qu'il était un peu plus que ça !
J'ai du mal à croire que Ferrara ait pu pondre une bouse pareil ! C'est mauvais, baclé et ça pue l'opportunisme mercantile. Abel, je t'aimais bien, mais là tu me déçois.