Mis en chantier alors que l'affaire DSK squatte encore la une de tous les médias, Welcome to New York pouvait facilement passer pour un projet opportuniste et racoleur. Mais avec la présence d'un cinéaste comme Abel Ferrara derrière la caméra et d'un monstre sacré comme Gérard Depardieu en haut de l'affiche, le potentiel sulfureux de la chose avait de quoi atténuer les doutes... jusqu'aux premiers retours, unanimement catastrophiques.


Dès les premiers instants, Welcome to New York semble totalement hésitant dans sa démarche, un panneau nous rappelant, comme si c'était nécessaire après toute la promo, de quel fait divers il s'inspire, avant de faire machine arrière en nous annonçant qu'il s'agira bien d'une fiction ne prétendant pas connaître la vérité. Histoire d'enfoncer le clou, la star Depardieu s'adresse quelques minutes à une poignée de journalistes dans une sorte de mise en abimes qui culminera dans un regard face caméra à la fin d'un long-métrage qui pourrait également s'apparenter à un autoportrait de son auteur, passé lui-même par toutes les addictions.


Une hésitation qui aurait pu donner lieu à une oeuvre fascinante sentant le souffre, troublante dans ce qu'elle laisserait entrevoir de la personnalité de ses créateurs / acteur, mais qui n'aboutit finalement qu'à une entreprise boursouflée et insupportable, Abel Ferrara passant totalement à côté de son sujet. Visiblement incapable de se positionner réellement, le cinéaste passe à la trappe toute auscultation du système judiciaire ou du cirque médiatique, se contentant de filmer mollement un Depardieu en plein suicide artistique en train de lutiner de la prostitué sans aucune subtilité.


Une prestation gênante, au coeur d'un film sordide et interminable, pompeux et surtout hypocrite. Alors qu'il aurait gagné à confronter les points de vue afin de démêler les fils d'une affaire complexe, Welcome to New York se tire une balle dans le pied au bout de vingt petites minutes, nous assénant sans aucun recul SA vérité (alors qu'il se positionnait dans le sens contraire au tout début), au cours d'une séquence horriblement plate et d'un mauvais goût proprement dégueulasse, caricature abjecte d'une réalité potentielle.


Réalisateur autrefois passionnant, ruant dans les brancards et grattant là où ça fait mal, Abel Ferrara sombre avec Welcome to New York dans les tréfonds de la nullité, incapable de prendre un minimum de recul face à un récit qui en demandait justement.

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le 19 oct. 2016

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Gand-Alf

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