Michael Moore fait du tourisme

Je me définirais comme étant un utopiste/humaniste politiquement plutôt orienté à gauche. De la sorte il est évident que le cinéma de Michael Moore me touche et que ses documentaires engagés contre le système (principalement américain) me parlent. Mais je dois reconnaître que depuis Fahrenheit 9/11, je trouve son style moins percutant. En mettant moins d'humour et plus de démagogie dans ses films, Moore loupait parfois sa cible, comme dans Capatalism: a Love Story qui manquait clairement d'honnêteté.
Dans Where to Invade Next? Moore entreprend un voyage au travers de l'Europe (mais pas que) pour rechercher les bonnes idées à ramener au Etats-Unis pour améliorer leurs systèmes (que se soit scolaire, judiciaire ou encore de sécurité sociale). Commençons direct avec les points qui fâchent: c'est du Michael Moore! J'entend par là qu'il ne faut pas s'attendre à de l'objectivité ou à avoir deux points de vue opposés. On est clairement dans du documentaire spectacle. Un machine ultra bien construite qui doit attiser les consciences en usant de ruses cinématographiques (le rire, les larmes,...) quitte a être limite démago.
Mais dans ce film, cela pose nettement moins problème que dans ses derniers essais. Dés le début du film, Moore nous explique que les pays présentés comptent également un paquet de problème mais son but n'est pas de montrer les mauvaises herbes mais uniquement les beaux bouquets. Il y a un certaine honnêteté dans le discours et c'est cohérent. Dés le départ, Moore ne s'intéresse qu'à un ou deux points du système du pays qu'il visite. Si le choix de ne mettre en avant qu'un seul point du fonctionnement d'un état peut sembler étrange, la logique de cette démarche paraîtra évidente lors des 5 dernières minutes du film, quand Moore met les américains face à leur propres contradictions lors d'une brillante conclusion.
Mais ce qui m'a surtout plu ici, c'est qu'il revient à ses fondamentaux. C'est à dire l'humour! Il s'agit même probablement de son film le plus drôle. Cinglant, mordant, impertinent, Moore manie surtout le verbe à la perfection et sait exactement qu'avec le rire il a déjà séduit la moitié de son audience. Mais le message du film, sous un côté plus léger que d'habitude, n'en reste pas moins important et troublant. Car si l'on ne peut que se sentir flatté en tant qu'Européen, il ne faut surtout pas oublier que le modèle qu'il dénonce a tendance à être un but à atteindre par de nombreux gouvernements de notre continent. Les idées qu'il voudrait ramener au Etats-Unis commencent également à se raréfier chez nous et étrangement elles ne s'exportent pas au sein même de l'Europe. Donc, plus que jamais, le combat et la vigilance sont de mise. Cela fait toujours de bien lorsque Michael Moore vient nous donner une petite gifle pour nous réveiller.

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