Des coups sur une batterie.
Un jeune homme devant son kit, seul dans la pénombre.

Pas d'introduction pour Damien Chazelle. Pas de longues mises en situation pour les personnages ou même une quelconque intrigue.
Non, la toute première séquence reflète déjà l'entièreté du film. Une tension omniprésente, un duo d'acteur formidable, et un duel d'une puissance incroyable.

Whiplash est très très proche du chef d'oeuvre. J'ai vraiment dû chercher pour lui trouver des défauts, et au final je ne retiens simplement le fait qu'il y a une baisse (extrêmement) légère de l'intensité juste avant un final à l'effet d'une bombe atomique. Une leçon de cinéma.

C'est très compliqué pour moi, j'ai très très envie de tout vous dire, de vous expliquer toutes les raisons pour lesquelles ce film est si bon, si fort, mais je ne veux surtout pas spoiler, et je veux surtout vous inciter à le découvrir. Whiplash n'est pas un film qui s'analyse, qui se décortique, c'est un film qui se ressent. L'absence d'introduction te plonge directement dans le vif du sujet et la force principale du film réside en ce sens qu'après t'avoir attrapé, il ne te lâchera pas 2h durant.

Les séquences de grande classe se succèdent, la psychologie de ces 2 personnages évolue petit à petit. La tension monte crescendo à chaque changement de lieu, à tel point qu'on ne sait jamais quand le film peut se laisser guider vers la violence physique pure et dure. Car c'est surtout une violence psychologique qui est construite ici et les nombreux parallèles fait avec Full Metal Jacket ne sont pas anodins. Sans tomber dans le plagiat, Chazelle arrive à recréer ce mal être à la perfection.
Perfection atteinte lors de ce final haletant, cette ultime confrontation. Je n'en dis pas plus, ce serait dommage, mais c'est fort. Très fort. Déjà que t'es épuisé par 1h30 de tension constante, Chazelle s'assoit sur toi pendant 15 minutes et te plonge en apnée avec ses deux personnages une dernière fois. Coup de maître.

Le montage et la lumière y sont d'ailleurs pour beaucoup. Le montage est magistral, le films étant majoritairement construit autour de gros plans (voir très gros plans) sur les visages et la batterie elle-même, faisant d'elle un personnage à part entière qui souffre elle aussi, qui transpire, et qui est au centre du film. Le film commençant et terminant par du son d'ailleurs. Celui d'une batterie. Mais le montage rapide, presque stroboscopique par moment, est un gros facteur de cette tension grandissante.
La lumière est changeante, chaude et chaleureuse à l'intérieur du Studio Band, froide à l'extérieur elle contraste totalement avec le propos du film, rajoutant un malaise pour le spectateur, puisque même après avoir serré les fesses pendant de longues minutes, on ne ressent pas vraiment de sensation rassurante qui se dégage du film.

Chazelle maîtrise également ses acteurs à merveille. J.K Simmons mange l'écran et laisse des miettes aux autres. Miettes que s'empresse de ramasser Miles Teller, bien loin de films comme Divergente. Il devrait peut-être commencer à se rendre compte qu'il est plus qu'un simple acteur formaté pour les blockbuster (les 4 Fantastiques à venir) mais peut-être un des futurs grands. A moins que l'argent ne soit quelque chose de trop important pour lui...
Mais Simmons dégage quelque chose en plus. Je ne sais pas trop quoi, mais c'est fort, c'est impressionnant, et surtout, c'est effrayant. Il en impose tellement lors de l'ouverture du film, que dès qu'il apparait, il y a ce sentiment de crainte qui survient et qui te lâche pas.

Au final Whiplash c'est un super cadeau de Noël, c'est un excellent film qui vient clôturer une année 2014 riche en qualité. Je vous vois hésiter encore. Ne perdez pas votre temps à réfléchir, foncez vers le cinéma le plus proche le diffusant et vibrez au rythme de la batterie d'Andrew.
Une batterie qui résonne comme une succession de claques en pleine tronche.
Gigantesque.

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le 26 déc. 2014

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Strangelove

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