Le cinéma indépendant américain accouche rarement d’œuvres radicales et préfère mettre en avant les feel good movies (Juno) et les drames familiaux (The Descendant) : Whiplash s'impose pourtant clairement comme un représentant de la première catégorie.
En effet, impossible de rester indifférent devant l'approche de Damien Chazelle qui choisit de filmer les scènes musicales comme des scènes de guerre non seulement pour illustrer un affrontement maître / élève épique (Miles Teller et J.K Simmons phénoménaux !) mais aussi pour proposer une vision organique et viscérale de l'accomplissement artistique. Ce traitement produit les meilleurs moments du film à l'image d'une "bataille" finale complètement enragée de 20 minutes.
Toutefois, le métrage est parfois malsain, notamment lorsqu'il véhicule l'idée que l'excellence ne peut et ne doit être atteinte que dans le sang, la sueur et les larmes et au prix d'une compétition féroce. Cette idée déteint sur les personnages principaux et annule toute empathie envers eux à tel point qu'on finit par les voir comme deux véritables sociopathes obnubilés par leur art. Enfin, on soulignera aussi le fait que les personnages secondaires s'en trouvent effacés et que l'ensemble ne repose QUE sur l'affrontement Fletcher / Nieman qui finit par devenir répétitif, du moins jusqu'au final ébouriffant qui constitue l'aboutissement du récit.
Whiplash est donc un film en forme de parcours initiatique jusqu'au boutiste et si on n'adhérera pas forcément à tous les questionnements soulevés par cette histoire, le métrage vaut le coup d'oeil rien que pour ses deux comédiens sensationnels et parce qu'il a le mérite de bousculer un peu le spectateur.
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