Difficile de faire une critique d'un film auquel on vient de mettre 10, à chaud en plus. Du coup je vais faire simple: allez-y, c'est très très bien ! Non je déconne... Que dire donc ?
Que c'est un des plus beaux duels que j'ai vu depuis longtemps, que j'ai vu tout court en fait. De ce point de vue le film pourrait presque parler de foot que ça ne changerait rien. Les deux personnages sont aussi attachants et détestables l'un que l'autre. Les acteurs jouent en permanence sur le fil de cette tension qui les lie et les oppose avec une justesse réellement impressionnante. Les couples professeur-pervers-narcissique/élève-timide-et-doué sont un grand classique mais ici point de caricature, rien n'est assené et la complexité des égos remonte d'elle-même.
Que le sujet est simple mais parfaitement traité, loin de tout manichéisme du type "il faut beaucoup travailler pour réussir, même si ça fait saigner les mains". Le film dissèque au plus près et sans compromis une obsession de perfection dévorante jusqu'à la limite du désordre mentale et de l'inhumanité. Finalement l'issue du duel et le destin du jeune batteur ne sont qu'un prétexte pour une plongée au cœur de cette intransigeance artistique ultime. C'est la face obscure du génie telle qu'aucun biopic à ma connaissance n'a jamais su le traiter.
Que c'est un putain de film sur le jazz. Ok, là je ne suis pas vraiment objectif parce que j'ai quelque part un regret de ne pas avoir été batteur de jazz. Malgré tout, une fois encore on nous épargne les clichés du genre, la drogue, les bars enfumés, etc... Ici on ronge l'os de la musique, on s'accorde, on pose les mains sur l'instrument, on répète pendant des heures, on se prend la tête sur des micro-variations de tempo et on ne vit plus que pour ça. Et Duke Ellington n'a jamais été aussi bien traité au cinéma !
Que dire de plus ? Ah oui. Allez-y, c'est très très bien !