Waouh ! Quel film les amis ! C'est certainement le meilleur moment que j'ai passé au cinéma depuis un bon bout de temps et le meilleur film que j'aie pu voir depuis le début de l'année.


L’œuvre nous conte la fascinante histoire du jeune Andrew, dont le rêve est de devenir l'un des meilleurs batteurs de jazz reconnus, un rêve qu'il tient de son modèle, "Bird". Afin d'arriver à ses fins, il entre dans la meilleure école de musique des Etats-Unis, le Shaffer Conservatory, où il fait la rencontre de Terence Fletcher, un professeur de musique exigeant - et le mot est bien faible.


C'est le duo/duel entre l'élève et le maître qui porte le film, pour le meilleur et... pour le meilleur (ok, il y a deux trois défauts mais rien de bien mauvais). Les deux personnages sont fascinants, puisqu'on les aime... tout en les détestant.


Andrew, lui, est un jeune homme plutôt asocial et extrêmement orgueilleux, qui est prêt à tout et surtout à écraser les autres pour réussir. Mais toutes ses réactions, si on ne les approuve pas toujours, sont compréhensibles. C'est un batteur extrêmement persévérant dans sa passion, prêt à tout sacrifier pour celle-ci, malgré sa famille qui ne le soutient absolument pas dans son projet (et c'est même plutôt l'inverse), en dehors de son père, qui, au demeurant, est un personnage extrêmement sympathique et touchant. Le fait de voir le film du point de vue du jeune garçon nous immerge dans ce personnage, on ressent ce qu'il ressent, et ce de manière toujours extrême, la colère, la douleur, la rancœur... On voit sa sueur et son sang perler au rythme frénétique de sa batterie et c'est tout simplement magnifique.


Fletcher, lui, donne ce même sentiment d'attachement paradoxal mais d'une manière complètement différente... C'est un salaud, qui n'a aucun remord à insulter ses élèves ni à les faire craquer psychologiquement. A la fin du film, il est même prêt à détruire Andrew par pure revanche ! Et en plus de ça, il est complètement hypocrite, passant sans cesse d'un air tout à fait sympathique et charismatique à un monstre de violence (on salue la magnifique performance de J.K Simmons). Mais, a contrario, c'est un musicien de génie, qui croit au potentiel génie de ses élèves et cherche à les faire se surpasser afin de former les génies de demain. Ses méthodes sont éthiquement inacceptables, mais on comprend son rêve, en tant que musicien de haut niveau, d'avoir enfin l'occasion de créer des musiciens d'élite qui marqueront l'Histoire.


Ces deux personnages sont caractérisés par leur côté extrême dans tous ce qu'ils vivent et cherchent à atteindre, et c'est cela qui fait tout le suc de leur rivalité. Et quelle plus belle représentation des sensations les plus extrêmes que la scène finale du métrage ? Sérieusement, cette scène est musicalement exceptionnelle et esthétiquement dingue, avec une caméra qui alterne entre travellings virtuoses calculés au millimètre près pour tantôt survoler les instrumentistes, tantôt se faufiler entre eux et montrer toutes les émotions qu'ils font passer dans la musique, et des gros plans fixes, secs et à la limite de l'épileptique par moments. Tout cela avec un jeu de montage qui va crescendo jusqu'à faire battre mon cœur à 300 à la noire, et donne véritablement l'impression qu'on est face au rythme de batterie le plus rapide et le plus génial qu'on ait jamais entendu...


Bien sûr, malgré toutes les éloges que je peux faire à Whiplash, il reste tout de même certains défauts. Le plus gros, ce sont certainement les personnages en dehors d'Andrew et Fletcher. Certes, d'un côté c'est logique que seuls ce duo et la batterie aient de l'importance dans ce film, étant donné qu'on est dans le point de vue d'Andrew. Mais ça pose quelques problèmes : déjà, clairement, dans un orchestre de Jazz, la batterie est loin d'être l'instrument central ! Et pourtant, durant tout le film, en dehors d'un jeune grassouillet à un moment, Fletcher semble ne s'acharner que sur les batteurs, ce qui est d'autant plus illogique qu'il n'est pas lui-même batteur et donc n'a aucune raison de s'attarder sur eux, et d'autant plus dommage que les autres membres de l'orchestre sont d'excellents musiciens, et que j'aurais aimé pouvoir m'attacher à eux.


En résumé, c'est un film à voir, que ce soit pour la performance de J.K Simmons (même si les autres font bien leur job, il est clairement au-dessus du lot), ou pour ses personnages principaux passionnants. En plus, bien que le film ne se veuille aucunement moralisateur, il pose des questions intéressantes sur l'excellence et la recherche de soi.


Sur ce, ciao les gens ;)

Naskor
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Les meilleurs films sur la musique, Les meilleurs films de 2015 et Films où la musique est la solution !

Créée

le 2 févr. 2015

Critique lue 813 fois

8 j'aime

4 commentaires

Naskor

Écrit par

Critique lue 813 fois

8
4

D'autres avis sur Whiplash

Whiplash
Sergent_Pepper
8

Travail, infamie, batterie

Pour se laisser pleinement aller à la jubilation de Whiplash, il faut d’emblée lever une ambiguïté de taille : ce n’est pas un film sur la musique. Le mélomane qui ira chercher une exploration des...

le 31 déc. 2014

234 j'aime

22

Whiplash
Vincent-Ruozzi
10

«Je vous promets du sang, de la sueur et des larmes»

Whiplash est un grand film. Il est, selon moi, le meilleur de l’année 2014. Une excellente histoire alliant le cinéma et la musique. Celle-ci ne se résume pas à une bande son, mais prend ici la place...

le 20 janv. 2015

190 j'aime

11

Whiplash
Je_en_vert
8

Le Bon, La Brute et le Tempo

LE BON. Whiplash c’est l’histoire d’un jeune batteur, interprété par un très bon Miles Teller (The Spectacular Now), qui pratique le jazz dans l’un des meilleurs conservatoires des Etats-Unis. Il...

le 26 déc. 2014

186 j'aime

18

Du même critique

Le Tombeau des lucioles
Naskor
9

Valar Morghulis

Takahata qui explique la guerre aux enfants. Qui rend tous ses symbolismes incroyablement clairs. Déjà par la quantité de plans mettant un point d'honneur à montrer le ciel, autant dans sa beauté...

le 1 oct. 2016

7 j'aime

4

La Vallée d'émeraude
Naskor
7

Orage ô désespoir

(Légers spoils) Le film démarre sur les chapeaux de roue. Ambiance sombre, graphisme très sympathique, arrachage d'oreille avec giclée de sang... Une sorte d'anti-Disney, quoi. Cette scène, si elle...

le 21 juin 2016

5 j'aime

2