Comme un gros uppercut dans la tronche. BAM. BAM. L’efficacité à l’américaine, dans toute sa splendeur. J K Simmons à l’air de s’amuser comme un fou, un gamin, un gosse, à jouer le botteur de cul. L’instructeur, tout droit sorti de Full Métal Jacket, ressuscité d’entre les morts, pour faire chier les jeunes recrues, les novices, la bleusaille. Alors impressionnant, c’est vrai, il l’est. Et quand il décide de gueuler en plein dans ta face, ou de te filer une ou deux baffes, t’as intérêt à filer droit, et pas la ramener, parce que ça va aller de pire en pire, pour ton matricule. Par contre, est-ce crédible ? L’instructeur sadique, et le jeune batteur, doué, mais pas prêt, et qui a besoin d’un mentor ; il se dévoue corps et âme, le petit gars, et le moins que l’on puisse dire, c’est que c’est physique. C’est le mélange vendeur, entre le spectacle voyeuriste, et la fable : Tu dois souffrir pour être (belle), ici c’est beau en l’occurrence. Il va au-delà de ses limites, jusqu’à la torture, (on voit même des gouttes de sang qui giclent sur les cymbales …au ralentit, bien sûr !). Il rompt avec sa copine, qui ne peut comprendre, et à mon avis, elle ne perd rien. C’est le genre de gars, (artiste), capable de tout sacrifier pour son art. Elle ne peut comprendre. Tout ça ne serait pas si grave, si on décollait un peu. Le réalisateur se contente de tourner en boucle, autour du couple maître-esclave, couple vedette du film. Les autres musiciens font tapissage, ou figuration. On va de plus en plus loin dans l’automutilation, la séance de torture volontaire, en accéléerant le métronome, et l’un est aussi masochiste que l’autre est mâle dominant, d’où le manque de d’intérêt de cette relation à sens unique, sur deux voies identiques.
Les personnages sont aussi raides, qu’un set de batterie tout neuf à peine sorti du carton. Le plus drôle, ou le plus affligeant, c’est cette accumulation de coups d’éclats, toujours plus loin, plus haut, plus fort, jusqu’à pousser loin la crédulité du spectateur, car le héros survit à tout, et ne semble pas être fait de chair, et de sang, il ne souffre que de façon spéculative, il passe son temps à courir, à jouer, à courir, de plus en plus vite, à tout accepter sans broncher, tout ça c’est du spectacle, rien de plus. l’accent mis sur le côté sportif, le travail de forçat, très physique, du batteur, que sur le côté musique proprement dit.
Ceci est un film d’action comme Rambo était un film d’action. L’efficacité, toujours. Remplacez le ring de boxe par une batterie, elle fera autant de bruit. Rambo, Rocky…BAM.BAM.
La direction de l’école semble ignorer qu’il y a un prof serial killer-autoritaire-dictateur, qui pousse les élèves à bout, le héros, qui va aller jusqu’à mettre sa vie en danger de façon tout à fait normale, c’est normal. Pourquoi? Parce que, si Philly Joe Jones n’avait pas balancé une cymbale à la tête de Charlie Parker, saxophoniste débutant, doué, mais qui ne travaillait pas assez, (aux dires du réalisateur), il ne serait pas devenu le Charlie Parker que tout le monde connaît aujourd’hui, le génie du Be Bop. Honnêtement, c’est très mince comme théorie. Cette assertion revient plusieurs fois dans la bouche des acteurs, et comme un acteur ça ne pense pas, mais se contente de répéter ce que lui a soufflé le gars derrière la caméra, je pense que c’est la thèse du réalisateur. Très mince comme théorie, voire cliché, ou brève de comptoir, qui sert de bouche-trou pour justifier le comportement brutal et névrosé du personnage clé, du maître de cérémonie, J K Simmons, en prof psychorigide, ou artiste raté qui se venge sur plus jeune, et doué que lui, tout simplement.
S’il n’y avait pas cet IMPRESSIONANT solo de batterie final, je serais resté sur ma faim, et j’aurais mit un 3, pour manque de fond. Et bien on se contenter de la forme, cette fois-ci.