Énergique et puissant, "Whiplash" est un thriller psychologique, l'histoire d'un duel entre un maître intransigeant à la limite de la perversité et un élève perfectionniste à en perdre la tête qui vont se livrer une bataille sans merci au nom de l'excellence.
Ce film m'a impressionné par sa manière de traduire à l'image des sensations aussi violentes que la rage, la douleur ou la montée d'adrénaline. Grâce au montage cut, aux gros plans et aux couleurs chaudes et saturées, les salles de musiques se transforment en chambres de torture étouffantes et moites et on ressent jusque dans ses tripes la souffrance autant physique que morale de cet étudiant passionné voire obsédé, qui s'entraîne jusqu'à épuisement pour tenter de satisfaire un véritable roc aux exigences quasi inatteignables.
De ce rapport de force sur fond de jazz et de solos de batterie transcendants, on retient les performances des deux protagonistes principaux, notamment celle de J.K Simmons dont les crises de colère dantesques glacent littéralement le sang. Ici, on apprend que la perfection n'existe pas mais qu'elle peut être frôlée au prix de la douleur, de la sueur et du sang. Et qu'au delà de la passion, du travail et du talent, la réussite nécessite aussi une bonne dose de confiance en soi, qualité qui s’acquiert par la remise en question perpétuelle, la confrontation, la capacité à se relever d'une humiliation ou d'une trahison, l'obligation de rebondir non pas pour réussir mais pour être LE meilleur ou alors de tout abandonner.
Un film à la fois beau et cruel, sur l'art et la notion de sacrifice, sur l'excellence qui peut mener à la gloire ou au désarroi et surtout sur le genre humain, avec cette relation complexe faite à la fois de fascination et de haine entre ces deux personnages aux caractères très différents et dans le même temps très similaires dans leur volonté d’accéder au sommet de la gloire et de la perfection.
Une belle expérience cinématographique et sensorielle, intense, déroutante et qui nous gratifie au passage d'un final en apothéose. Un grand film dans le genre de ceux qui se font rares.

RachelHélène
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le 12 nov. 2015

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Rachel Hélène

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