Un film sur la musique. Voilà comment je m'imaginais le film de Damien Chazelle. Et j'avais bien tort. Mais qu'importe, j'ai mis assez de temps à découvrir ce grand film, mais l'attente en valait de toute façon la peine.
Après un court-métrage dont on retrouvera la séquence dans le long, dans un décor toutefois différent, qui annonçait la couleur, Whiplash n'est pas un film sur la musique, mais bien une oeuvre sur le dépassement de soi, la volonté d'arriver à un but quitte à tomber sur la pire des crapules comme professeur, qui n'hésitera pas à vous humilier, à vous rabaisser, à vous traiter comme de la merde.
Le monde de la musique qui est vu presque comme une compétition sportive, où il faut à chaque instant se surpasser pour devenir le meilleur dans sa catégorie. Et il y a ce duel tendu entre l'élève et le professeur, cette guerre psychologique, cette pression fournie par le professeur à l'élève. Et pourtant, aussi crapule qu'il soit, on parviendrait presque à l'excuser parfois, cherchant à tirer le meilleur de son pupille. Mais parfois, on le hait viscéralement puisqu'il dépasse les bornes, semble aller trop loin, provoquant même la mort d'un ancien de ses élèves. Un rôle ambivalent, ambigu pour J.K. Simmons qui le remplit à merveille.
C'est aussi un film qui met en lumière un jeune élève, timide et réservé au départ qui va pourtant prendre de l'assurance au contact de ce professeur. De ce jeune qui se cherche une place dans une famille dont le fils a réussi dans le sport et qui tente aussi de trouver sa place. Un fils dont la famille a volé un moment en éclat, la mère quittant un père, écrivain raté mais excellent professeur. L'évolution du caractère du jeune personnage évolue bien, s'inscrit parfaitement dans le fil rouge du film.
Le tout est remarquablement mis en scène par Chazelle qui filme la musique comme on filmerait une compétition sportive. Ca ne manque jamais de rythme et Whiplash semble s'imposer comme l'un des meilleurs films de cette décennie.