Gregg Araki m'a mis il y a peu une grosse claque avec Mysterious Skin, notamment de par sa parfaite utilisation de toute la musique que j'aime ! Mais pas que... Et pour mon deuxième film de l'américain, je m'attaque à son dernier en date : White Bird...


Une fois encore, le monsieur me calme d'emblée, après une courte introduction présentant l'intrigue, en me balançant le Sea, Swallow Me de Cocteau Twins... Ce mec veut vraiment me faire passer pour une pleureuse ou quoi ? Ceci dit, cette vague d'émotion sera cette fois-ci la seule à avaler mes quelques perles de mélancolie...


L'histoire : en 1988, Kat (Shailene Woodley), 17 ans, apprend de la bouche de son père la possible disparition de sa mère (Eva Green, excellente) avec qui elle entretient des rapports conflictuels du genre concurrentiels. Mais le paternel préfère d'abord ne pas appeler la police par peur de la réaction des voisins... Et à Kat de faire ses premiers cauchemars, toujours sur fond de décors enneigés, mais aussi parce que ça fonctionne toujours très bien la neige en matière d'onirisme... Sauf que ce qu'on ne sait pas encore, c'est qu'il n'y a aucun hasard là-dedans. Et ça c'est vraiment très fort.


Pourtant, je dois bien admettre que pendant les deux premiers tiers du film, bah on le cherche un peu le scénario... Le réalisateur se concentrant sur la personnalité des protagonistes et leurs rapports. Evidemment celle de Kat, jolie lycéenne sexuellement demandeuse, assez détachée de l'affaire mais jouant le jeu de sa psy ; son petit ami, bogoss mais loser pas vraiment futé, dont la mère est aveugle (pas forcément l'idée du siècle d'ailleurs...) ; sa mère à elle (en flash-back), parfaite selon les critères américains, mais frigide et n'aimant pas son mari jusqu'à régulièrement l'humilier, pour finalement sombrer dans la dépression ; son père (Christopher Meloni), qui désormais préfère se branler malgré son étonnant succès auprès de la MILF de base ; dans une moindre mesure ses deux meilleurs amis, une black obèse et un chicano efféminé ; et enfin, le détective quarantenaire sexy en charge de l'affaire, qu'elle se tapera, et qui aura le grand mérite de faire basculer l'intrigue dans une dernière partie très bien vue d'un point de vue narratif.


Mais avant d'en arriver là, l'esthétique visuelle comme auditive fonctionnent parfaitement, de cette très bonne séquence de rencontre en boîte sur du Depeche Mode, au dépucelage de Kat, le Pictures of You de The Cure, en passant par certains plans bien sentis comme ceux des rêves, sans parler de la volvo ou de la piscine ; jusqu'à cette fameuse scène décisive entre Kat - sur le retour quatre ans après - et le détective, durant laquelle sa sensualité m'a carrément excité (celle de Kat hein ^^) ! Y a pas à dire, et c'est désormais pour moi une certitude : il sait y faire l'Araki en matière de fantasmagorie !


Bon, je n'entrerai pas dans les détails de la dernière partie, mais on se retrouve bien baladés, et avec un certain brio ! D'ailleurs, ce que j'aime le plus dans la manière de faire du réalisateur, c'est qu'on n'est pas dans du "twist" tape à l'oeil, juste un peu retors parce qu'on se demande à un moment si on ne se moque pas de nous avec cette histoire de cadenas... Mais en définitive, c'est tragique, fataliste et amusant à la fois, de même que raconté de manière détachée par la voix-off de Kat, finalement très à son image.


Un dénouement très sympathique donc, un scénario qui se tient parfaitement, de très bons acteurs, une BO toujours aussi tripante (même si j'ai préféré celle de Mysterious Skin encore une fois), un certain travail sur les personnages : Gregg Araki semble vraiment se passionner pour - voire maîtriser - la psychologie (et pas seulement adolescente), et ça tombe bien, parce que nous aussi !


Vivement le prochain.

RimbaudWarrior
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le 19 mai 2016

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