On attendait Wild comme un "Into The Wild" au féminin. Malgré quelques ressemblances (difficiles de faire réellement original sur le sujet) le film s'en détache largement. En effet, dés les premières images, le ton est donné : la rébellion. Et qui de mieux pour interpréter cette rébellion que Reese Witherspoon, sa beauté naturelle et sa malice candide ?

Le périple ici se fait intérieur. Le personnage si fort (d'autant plus qu'il existe réellement) est un abysse. S'y perdre serait aisé. D'où le tour de force de son interprète qui jamais ne bascule, gardant une régularité de jeu touchante et surprenante. En ressassant (parfois un peu trop et trop longuement) ses souvenirs, ses malheurs, elle a peur de s'y noyer. C'est sans compter la dure réalité de la Nature, qui lui fait rapidement comprendre sa non importance (malgré son mépris de départ pour ce genre de formules) face à un monde immense et surpuissant qui le dépasse.

Le périple ici se fait musical. D'où une présence importante (peut être même trop parfois ?) de la musique, celle qui unit les corps, qui les sépare, celle qui fait office de déclic, ramenant brusquement à des souvenirs ou à des émotions qui sont ici magnifiées dans le film (je pense à la scène où un petit garçon chante une comptine à notre héroïne).

Mais le voyage se fait aussi rencontre. Rencontre avec le monde tout d'abord. Elle y apprendra la survie (non sans un certains confort et une certaine organisation), la nature, les animaux, se rendra compte de leur existence, de leur puissance, de sa faiblesse.
Rencontre enfin avec les autres. En quittant sa ville, ses addictions, sa grisaille, Cheryl rencontrera les vrais hommes, ceux d'une bonté infinie, tous unique, tous particuliers ou déroutant, mais tous infiniment bons. Cet apprentissage sera l'objet d'un long exercice dont la finalité sera de ne pus de fier à la crainte primaire et malsaine du contact avec l'autre (rappelons-nous les séquences avec le fermier, dans la première partie du film).
C'est là le gros point fort du film.
Une fois accepté le fait que le film ne se concentre QUE sur son personnage principal, et une fois accepté encore le montage discontinu mais ingénieux qui oscille entre flashbacks et présent, quitte à parfois volontairement brouiller les pistes, on ne peut qu'apprécier ce beau et long voyage, filmé comme une pub Quechua (rien de péjoratif maintenant), frais et humble.

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le 7 févr. 2015

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Charles Dubois

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