Des films sur des gens obscurs naturellement doués pour une discipline quelconque, on en a vus des dizaines, et ils finissent quasiment tous de la même façon, avec la même morale : si tu bosses dur et que tu y crois, tu y arriveras. C'est faire insulte aux millions de gens doués qui échouent à percer, mais passons, on va au cinéma pour se changer les idées. Je venais de me frapper l'histoire d'un petit anglais d'origine pakistanaise fan de Bruce Springsteen (The music of my life), je n'étais pas forcément bien disposée à subir la même sauce indigeste. Bonne surprise, l'héroïne de Wild Rose est tout sauf sympathique et on échappe un peu à l'angélisme habituel : elle sort tout juste de taule et néglige les deux enfants qu'elle a confiés à sa mère pendant son année d'incarcération au profit de son envie de vivre de sa passion pour la musique country. On retrouve le schéma habituel, mais ça se double d'une nette propension à la critique sociale, comme si Ken Loach adaptait Bohemian Rhapsody. La chanteuse gouailleuse se rêve sur une scène de Memphis et collectionne les choix désastreux. Elle ment, se soûle, manque de respect à sa maman, bref, une vraie tête-à-claques. Heureusement, la nana qui l'emploie comme femme de ménage a un coup de cœur pour elle et va lui donner une chiquenaude décisive. Sauf que notre loseuse professionnelle a le chic pour saccager toutes les chances qui lui sont offertes... parviendra-t-elle à se hisser à la hauteur de l'adulte qui sommeille en elle ? Ta-tiiiin, quel suspense. Malgré tout, la fin évite le happy end à grosses ficelles, globalement, pour lui préférer
un happy end à fil de couture
. C'est méritoire avec ce genre de sujet. Restent Glasgow et ses habitants, plutôt attachants, le portrait très digne d'une mère exemplaire et, bien sûr, la bande-son, avec Trisha Yearwood en bonne place, et j'adore Trisha Yearwood.