Un film presque excellent

Wildlife est un film assez compliqué à appréhender. Si je me suis jeté dessus dès la première occasion, c'est simplement parce qu'il s'agissait du premier film de Paul Dano, un des meilleurs acteurs de sa génération, et que j'étais curieux. Je n'avais aucune idée de quoi parlait Wildlife, j'ai entraîné des potes dans une avant-première dans une petite salle à moitié remplie, à croire que personne n'était intéressé.

Et en vrai, est-ce que Wildlife en valait vraiment la peine ? Difficile à dire.

Wildlife a des qualités indéniables. Visuellement, c'est d'une beauté saisissante et de la part d'un jeune réalisateur, c'est important de le souligner. La reproduction d'une Amérique des années 60 est merveilleusement bien foutue. Le film tente des choses au niveau des cadres, surtout au niveau de la profondeur de champ donc franchement, chapeau là-dessus.

Aussi, Wildlife a un putain de casting. En fait, y a Jake Gyllenhaal, et putain qu'il est bon. Et pourtant, ce n'est pas pour autant lui qu'on verra le plus à l'écran. Carey Mulligan est brillante de justesse et joue un personnage complexe. Quant au jeune acteur Ed Oxenbould... bah justement, ça fait parti du problème de Wildlife.

Le film suit le point de vue du jeune Joe, qui voit ses parents petit à petit s'éloigner. Entre un père qui s'éloigne de sa famille pour un travail que sa mère déteste, et la mère justement qui, de par l'absence du mari se sent délaissée et commence à voir ailleurs, le jeune Joe se retrouve face au pire cauchemar de tout enfant.

Et c'est un sujet qui me touche à fond. J'ai dû le répéter un tas de fois dans mes critiques, mais tout ce qui touche à la figure paternelle, ça ne me laisse certainement pas indifférent. Surtout que le film s'attarde également sur la relation mère fils qui est elle aussi merveilleusement bien développée.

Sincèrement, le travail sur la relation entre les personnages est très bonne, le film donne très bien ce sentiment de famille en pleine crise avec un enfant au milieu qui voudrait juste être ailleurs. Le final est juste magnifique, cohérent et surtout, touchant aussi bien sur la forme que dans son fond. Car dans un couple brisé, le seul lien qui persiste, c'est l'enfant, et justement, le jeune Joe dans cette scène finale de toute justesse, veut à tout prix conserver ce lien familial.

Mais qu'est ce qui bloque dans Wildlife alors ? On est tous sorti de la salle avec une certaine touche de déception mes amis et moi. Il y avait quelque chose qui manquait à Wildlife pour qu'il soit véritablement marquant. Est-ce que l'introduction aurait méritée un peu plus de temps pour bien développer la situation économique et les relations entre les personnages ? Est-ce que l'acteur principal Oxenbourg est trop inexpressif et ne donne pas assez le sentiment qu'il vit un enfer ? Ou est-ce que je suis frustré de pas avoir vu assez longtemps Gyllenhaal à l'écran ?

Quelque chose me turlupine dans ce film et je n'arrive pas à mettre le doigt dessus. Tout ce que je saurai dire concrètement, c'est qu'il manque quelque chose, il manque un p'tit éclat de rien du tout qui aurait rendu le film bien plus puissant qu'il ne l'est. Peut-être ai-je mis trop d'espoir en ce film ? En même temps, quand tu vois que c'est le premier film de Paul Dano, y a quand même de quoi applaudir.

Wildlife est un bon film, il est touchant, visuellement beau, mais il n'est pas assez puissant pour marquer. Mais allez le voir quand même, rien que pour Gyllenhaal et Paul Dano.