L’acteur Paul Dano (Prisoners, Miss Sunshine, There will be blood, …) passe derrière la caméra pour adapter avec Wildlife un roman de Richard Ford qui décrit, en 1960 au fin fond du Montana, la lente combustion d’une petite cellule familiale (Jake Gyllenhaal est papa, Carey Mulligan est maman, Ed Oxenbould est l’ado).
Le pays traverse encore une période de récession et la famille vient d’arriver au pied des montagnes du Montana pour suivre le boulot … sans succès. Les incendies de forêts ravagent la nature sauvage et l’on embauche les désœuvrés à bas prix pour creuser les tranchées et endiguer les flammes, dans l’attente des premiers flocons de l’hiver.
L’ado de la famille, à la fois impuissant et distant, observe ses parents s’éloigner lentement et irrémédiablement l’un de l’autre …
Il est le regard du photographe ou du cinéaste, mais précisément, comme sur l’affiche du film, ce regard n’est généralement pas sur l’image.
En adoptant presqu’uniquement ce point de vue, Paul Dano est tombé dans le piège d’un film très lent et trop contemplatif : c’est le prix à payer pour se laisser immerger dans cette sage reconstitution du début des sixties et pour ressentir l’inexorable usure du couple.
Lorsque dans la nature, tout part en flammes, il est dit que chacun doit s’adapter …
Heureusement le film est sauvé par ses trois acteurs. Jake Gyllenhaal sort avec une étonnante facilité de son registre habituel de rôles déjantés (quoique) et surtout Carey Mulligan (qu’on a vu récemment dans la série Collatéral) profite là d’un rôle de femme absolument superbe : femme enfant, femme fatale, femme rangée, femme tout court, elle passe par tous les registres avec élégance et brio.
On retiendra l’étonnante liberté (nous ne sommes qu’en 1960, au tout tout début des sixties qui sont encore à peine là) dont entend bien profiter la femme américaine … À cette époque, les US avaient encore quelques années d’avance sur le reste du monde occidental.

BMR
7
Écrit par

Créée

le 16 févr. 2019

Critique lue 130 fois

BMR

Écrit par

Critique lue 130 fois

D'autres avis sur Wildlife : Une saison ardente

Wildlife : Une saison ardente
Peachfuzz
7

This is America.

Après nous avoir emballés au fil de ses performances d’acteur (Little Miss Sunshine, There Will Be Blood, Prisoners, Swiss Army Man), Paul Dano présentait son premier film à la Quinzaine des...

le 5 oct. 2018

18 j'aime

Wildlife : Une saison ardente
Caine78
4

Pas de feu sacré

J'étais presque conquis d'avance : bande-annonce prometteuse, le talentueux Paul Dano passant pour la première fois derrière la caméra, un sujet sensible, l'ambiance si particulière des 60's... Et...

le 26 déc. 2018

17 j'aime

Wildlife : Une saison ardente
Fleming
8

Garder un souvenir des jours heureux

Le problème n'est pas de savoir qui, du père Jerry, 37 ans, ou de la mère Jeanette, 34, a tort. Le problème, c'est que Joe, leur fils unique, 14 ans, les aime également, qu'ils étaient heureux tous...

le 20 déc. 2018

16 j'aime

6

Du même critique

A War
BMR
8

Quelque chose de pourri dans notre royaume du Danemark.

Encore un film de guerre en Afghanistan ? Bof ... Oui, mais c'est un film danois. Ah ? Oui, un film de Tobias Lindholm. Attends, ça me dit quelque chose ... Ah purée, c'est celui de Hijacking ...

Par

le 5 juin 2016

10 j'aime

2

The Two Faces of January
BMR
4

La femme ou la valise ?

Premier film de Hossein Amini, le scénariste de Drive, The two faces of January, est un polar un peu mollasson qui veut reproduire le charme, le ton, les ambiances, les couleurs, des films noirs...

Par

le 23 juin 2014

10 j'aime

Les bottes suédoises
BMR
6

[...] Je ne suis pas hypocondriaque, mais je préfère être tranquille.

C'est évidemment avec un petit pincement au cœur que l'on ouvre le paquet contenant Les bottes suédoises, dernier roman du regretté Henning Mankell disparu fin 2015. C'est par fidélité au suédois et...

Par

le 10 oct. 2016

9 j'aime

1