"It's getting mighty tough country to travel... without a gun."

Réalisé la même année (1951) que deux autres films d'Anthony Mann, le noir The Tall Target et le fastueux Quo Vadis pour lequel il tourne les iconiques scènes d'incendies ravageant Rome, Winchester 73 est un western remarquablement écrit (le tandem Chase/Richards a un sens aiguë de la formule), aux nombreux personnages campés admirablement par des acteurs parfois au sommet de leur art (avec une mention particulière pour Dan Duryea, mauvais bougre au bagou irrésistible, et le grand James Stewart, forcément), au scénario simple mais permettant de broder de façon très riche sur les thèmes traditionnels du western des années 50 : la lâcheté, la loi du talion, le pardon. Devant à l'origine être tourné par Fritz Lang, Stewart imposa le choix de Mann car ce dernier partageait la vision du premier concernant son personnage, celui d'un homme agréable mais brisé, altruiste mais dépourvu d'illusions sur la nature des hommes qu'il côtoyait le long du chemin. C'est également Mann qui demanda à Chase d'intégrer au scénario un nombre élevé de personnages tous différents les uns des autres, se croisant successivement, se pourchassant, s'évitant, se combattant, se dézinguant évidemment, s'alliant, se séparant jusqu'à un dénouement surprenant. Ce foisonnement des caractères est l'une des réussites de ce film à la réputation mineure et pourtant drôlement original dans son traitement, à la fois buddy movie et film d'aventure dont le leitmotiv est la quête d'un Graal qui ici serait le fameux Winchester 73, meilleur fusil de l'époque, objet d'admiration et de jalousie de la part de protagonistes sur le fil du rasoir pour lesquels le pétard que l'on porte à la ceinture résume la qualité d'un homme. Toutes les composantes d'un film de genre y passent (danseuse de saloon aux moeurs ambiguë, attaque de banque, bataille entre natives et new-born americans, etc) et, cependant, jamais a-t-on le sentiment de regarder une énième commande de studio destinée à faire connaître une belle gueule avant un projet plus ambitieux financièrement parlant.
Procope
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Films (re)vus en 2012

Créée

le 5 juil. 2012

Critique lue 655 fois

4 j'aime

Procope

Écrit par

Critique lue 655 fois

4

D'autres avis sur Winchester 73

Winchester 73
Pruneau
9

C'est bath Mann

Un Anthony Mann avec James Stewart, rien de plus classique. Sauf que le personnage principal est une winchester 73. Carabine à 15 coups, surnommée "the gun that won the west », elle attire à elle...

le 26 janv. 2011

51 j'aime

15

Winchester 73
Star-Lord09
9

KO Choral

Lorsque deux silhouettes à cheval filmées dans un superbe noir et blanc parcourent un terrain en relief lors d'un générique introductif dépourvu d'une chanson salvatrice, il apparaît comme une...

le 4 sept. 2021

35 j'aime

10

Winchester 73
Sergent_Pepper
8

Drop gun

Winchester 73 marque le premier chapitre d’une collaboration fructueuse entre Anthony Mann et James Stewart : le comédien sera l’un des plus brillants interprètes du cinéaste, à même de restituer la...

le 16 déc. 2017

35 j'aime

8

Du même critique

Paycheck
Procope
3

Critique de Paycheck par Procope

Une première heure très honnête, fidèle à la nouvelle et l'esprit de Philip K. Dick, maîtrisée, qui se transforme en quelques minutes en navet d'exception, enchaînant les scènes grotesques et les...

le 12 mai 2012

8 j'aime

Conversation secrète
Procope
8

Critique de Conversation secrète par Procope

Brillamment réalisé par un Coppola usant avec sobriété de techniques narratives audacieuses, The Conversation, Palme d'or à Cannes en 1974, davantage qu'un thriller paranoïaque comme les années 70 en...

le 31 juil. 2014

7 j'aime

3

Brainstorm
Procope
8

Critique de Brainstorm par Procope

Gros four lors de sa sortie en salles en 1983, « Brainstorm » demeure pourtant, quasiment trente ans plus tard, l'un des films fantastiques les plus originaux et passionnants jamais écrits. Premier...

le 8 juil. 2012

6 j'aime