Nul besoin d’envoyer plus qu’une petite stagiaire du FBI pour enquêter sur place sur le meurtre et viol d’une amérindienne retrouvée morte dans la neige à 10 km du forfait dans une réserve indienne du Wyoming en plein hiver. Cette critique d’une Amérique indifférente, de sa justice variant selon les populations incriminées, se poursuit puissamment par le silence des mots, la force des actes et la lumière des déconcertants flashbacks.
Dans une mise en scène aussi glacée, sobre, rustre, cheyenne et triomphante que les Rocheuses par -20°, notre fliquette se verra heureusement épaulée par la maigre Police indigène et surtout par le garde forestier émérite dont la motivation intime réside dans sa tragédie personnelle, son lien avec la victime, et la colère blasée contre l’injustice et l’oubli chroniques de ce peuple parqué dont il partage le cœur et le sort depuis toujours.
Savant équilibre d’action, de violence, de traque et d’enquête, mais aussi de beauté sombre, de solidarité d’une ethnie à qui il ne reste plus que ça, de sentimentalités et de codes d’une sous-société incluant sa sous-justice, l’investigation nous embarque dans les squats d’une jeunesse indienne brisée et intoxiquée, dans les méandres de plusieurs drames intimes aux destins croisés, et dans une version moderne de cette forme de far-West barbare transposée dans le chantiers isolés des grands espaces actuels.
Avec un brillant Jeremy Renner enfin révélé par autre chose qu’un série B-coup-de-poing, cet excellent thriller psychologique et social pourrait pourtant presque passer pour accessoire, à côté d’un style et d’une humanité qui bluffent dans leurs actes et conclusion.