'ET SI...' Guy Maddin n'avait pas été winnipegois, aurait-il pu réaliser ce long-métrage (je n'utiliserai pas le terme docu-fiction, terme qui me hérisse la crinière comme une brosse chiendent sur la carrosserie d'une Twingo) ? NON !

A tout seigneur, tout honneur, Winnipeg : capitale du Manitoba, dans la province du Canada, avec 630.000 habitants, considérée comme la 'capitale mondiale du grain', ville balayée par les vents incessants, réputée la plus froide du monde. Pour les historiens, c'est encore la patrie de Louis Riel, ce métis qui a combattu le gouvernement canadien pour faire respecter les droits des autochtones (Jesuit Joe – le film – raconte, par la voix de son vautour, qui était ce personnage mystérieux et quasi-mystique !). Pour m'y être moi-même arrêté le temps d'une journée lors d'un périple vers les Rocheuses, je me souviens de cette bourgade métropolitaine comme d'un gâteau quatre-quarts...traverser Winnipeg, c'est traverser un désert de béton, de voitures, et de maisons qui parfois se tournent le dos, un conglomérat humain qui vous laisse une impression somnambulique, vierge de tous souvenirs une fois l'écume des vents passée...l'étranger reste étranger à Winnipeg !

Fervent admirateur de Luis Buñuel, le réalisateur manitobain nous livre, tel un palimpseste postmoderne, une histoire personnelle, un parcours de vie dans un cadre géographique bien précis, urbain et étrange, entre documentaire et fiction, sous les coups de boutoir d'une iconographie tirée de ses fonds de tiroir familiaux, lui le natif de Winnipeg, qui happe de son objectif 8 millimètres les flocons de neige virevoltant au gré des venelles citadines. Le choix du noir et blanc est judicieux, à l'image du cinéaste, indépendant dans sa réflexion, libéral dans sa mise en scène, affranchi des codes du puritanisme cinématographique. La photographie granuleuse nous renvoie en pleine face l'univers d'un microcosme avec toutes ses aspérités ; pourquoi séparer le bon grain de l'ivraie ? [...]
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le 8 juin 2011

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