« Winter’s bone » est sorti en salle le 2 mars 2011. D’une durée d’une heure quarante, il est réalisé par Debra Garnik dont je n’avais jusqu’alors vu aucun film. Il a reçu le Grand Prix du film de fiction lors du Festival de Sundance. Il a été également gratifié de quatre nominations lors des derniers Oscars. Les critiques qui l’accompagnaient se montraient d’ailleurs plutôt élogieuses. C’est pour cette raison que je m’étais laissé tenter. En effet, je ne connaissais alors pas l’actrice principale Jennifer Lawrence. Il s’agissait de son premier gros rôle. « X-Men le commencement », « Hunger Games » ou « Happiness Therapy » n’étaient pas encore apparu sur les écrans. La réalisatrice m’était inconnue. L’affiche qui nous présentait une jeune fille entourée de deux enfants n’avait pas non plus particulièrement attirée mon regard.

L’histoire nous plonge dans la forêt des Orzaks au beau milieu de l’Arkansas. Ree y survit en s’occupant de son frère, sa sœur et sa mère malade. Son père est en prison pour trafic de drogue. Le problème est que ce dernier a été libéré sous caution et qu’il doit se présenter au tribunal d’ici quelques jours. Ayant hypothéqué la maison pour sortir, son absence mettrait Ree et sa famille à la rue. C’est pour cette raison que la jeune fille de dix-sept ans va partir à la recherche de son père. Le problème est que les voisins ne sont pas bavards et n’aiment pas les fouineuses…

Je tiens à préciser que ce film est sorti en salle accompagné d’un avertissement. En effet, certaines scènes sont amenées à pouvoir choquer des spectateurs sensibles. Il ne faut pas espérer passer un moment de détente et de rigolade. Ce n’est pas vraiment le film pour cela. Il faut vous imaginer plongé dans un milieu dur dans lequel la vie n’est pas facile. La parole est rare, la violence moins. L’atmosphère est presque aussi importante que l’histoire. Il s’agit d’un film qui imprègne. Cet aspect-là associé au fait qu’il ne s’adresse pas à tous les publics explique que « Winter’s bone » n’ait pas été distribué dans les grandes largeurs dans les salles françaises.

L’histoire est donc relativement simple. Ree doit retrouver son père au risque de se retrouver à la rue avec une famille à charge. Ce n’est pas parce que la thématique est simple que le scénario l’est tout autant. On se retrouve immergé dans un univers assez dur dans lequel chaque protagoniste ne laisse pas indifférent. De plus, les questions sont nombreuses autour de la disparition de son père. Est-il mort ? Si c’est le cas, par qui et où ? Car Ree veut des preuves. Son toit est à ce prix. On suit donc son enquête qui l’a fait errer dans cette forêt à la rencontre de personnes qui ne mettent pas particulièrement à l’aise.

L’atmosphère de ce film est assez oppressante. Le côté « bout du monde » de l’endroit où se déroule l’histoire est particulièrement bien transcrit. On ressent le côté désœuvré et perdu de manière remarquable. On est vraiment immergé dans le quotidien de l’héroïne pour laquelle on ressent à la fois du respect, de l’affection et de l’admiration. Car Ree est une jeune fille forte et déterminée. Rien ne l’arrêtera dans sa quête malgré les nombreuses embuches qu’elle va rencontrer. Il faut dire que les habitants locaux mettent mal à l’aise. Ils ne parlent pas beaucoup mais leurs regards suffisent à nous mettre sur la défensive. Au niveau du ressenti, il s’agit d’un des films les plus intenses que j’ai vu cette année-là.

Il faut dire que le casting n’est pas clinquant mais est d’une qualité impressionnante. Je vais commencer par clamer mon admiration pour Jennifer Lawrence qui incarne Ree. Sa nomination aux Oscars pour ce rôle est amplement justifiée. Elle ne nous laisse pas indifférence, elle impose une présence impressionnante. Je ne vous en dis pas plus parce que cela serait vous gâcher le plaisir de la découvrir vous-même. L’autre personnage fort du film est interprété par John Hawkes qui incarne l’oncle de Ree. Il nous fait peur. On ne sait pas trop quoi en penser. Il n’a pas besoin de parler pour nous faire reculer. Sa nomination à l’Oscar du meilleur second rôle s’explique très logiquement. Je ne vais pas vous lister tous les personnages. Cela vous révélerait trop de choses. Mais sachez que aucun des protagonistes ne vous laissera neutre à son égard.

Au final, il s’agit d’une vraie révélation. J’ai vraiment passé un excellent moment de cinéma. « Winter’s bone » est un film qui prenait une réelle ampleur dans une salle obscure de cinéma. Néanmoins, n’hésitez pas à vous laisser tenter par un passage à la télévision. L’histoire est prenante. L’empathie qu’on ressent pour la quête de cette adolescente rend le moment intense. Ree symbolise les quelques grammes de finesse qui errent dans le monde de brutes qui l’entoure. Elle est la petite lueur dans l’obscurité qui envahit son univers. Bref, on est de tout cœur avec elle. Je ne peux donc que vous inciter à découvrir ce film. Vous n’en sortirez pas indemne…
Eric17
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le 23 août 2013

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