Greg McLean : retour à la violence primitive du mythe (1/6)

Wolf Creek compose un personnage de bourreau qui est avant tout l’émanation d’une terre, d’un territoire, cette Australie sauvage et violente que George Miller (pensons au premier Mad Max) ou Russell Mulcahy (Razorback) avaient déjà mise en scène. Il faut voir ce plan où Mick Taylor fusionne avec l’ombre puis disparaît dans le paysage, un plan qui contient toute la vision mythique de ce monstre rustique habillé en dépanneur et type sympa.


Ce qui intéresse le réalisateur Greg McLean, comme dans chacun de ses films, c’est la rencontre entre l’individu extérieur à une région et le mythe qui a fondé cette région : les touristes se heurtent au crocodile sacré (Rogue), l’aventurier est confronté à la jungle bolivienne dans ce qu’elle a de plus dangereuse et primitive (Jungle). Ses longs métrages orchestrent la lutte entre des individus étrangers ou désaxés et une entité monstrueuse qui les absorbe parce qu’elle est somme, totalité. Ici, c’est la violence de l’Australie profonde qui resurgit, une violence que McLean fait naître d’une image a priori amatrice, captée sur le vif.


En nous embarquant aux côtés des trois protagonistes principaux, tout comme nous partageons l’intimité des touristes dans Rogue ou des explorateurs dans Jungle, en les représentant comme des êtres ordinaires, le film aborde le mythe d’un point de vue réaliste et révèle ainsi la part de mystère inhérente à des territoires encore tenus à l’écart de l’activité humaine, des lieux au potentiel magique et maléfique intact. Nul hasard si Mick Taylor passe son temps à parler du ciel : il est l’esprit de cette Australie obscure, l’éclipse de la civilisation, un retour à la nature humaine dans ce qu’elle a de plus bestiale.


Wolf Creek est donc porté par une vision artistique forte qui lui permet de dépasser son statut de survival gore pour témoigner de l’importance du surnaturel dans notre rapport au monde, un surnaturel primal, sauvage et cruel.

Fêtons_le_cinéma
7

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le 28 mars 2020

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