Avant toute chose, il faut que je précise que Wolfen n'est et n'a jamais été un film de loup-garou!!!!
Que ce soit dans le roman de Strieber ou dans son adaptation ciné, il n'y a jamais eu un seul loup-garou au sens cinématographiquement parlant.


L'un des personnages évoque le sujet car empreint des légendes crées par l'homme, mais il comprendra vite qu'il n'en est rien.


La tribu des Wolfen sont de simples loups, à l'exception près de leur évolution cérébrale avancée.


Jadis vivant en harmonie avec les Natifs Américains, l'équilibre se rompit avec la colonisation de l'homme blanc et sa main-mise sur les richesses naturelles en général et sur le territoire des Wolfen en particuliers.


Naguère, ils vivaient en harmonie avec leur environnement, maintenant ils sont obligés de se terrer au sein de la civilisation méprisante et égoïste des humains.
Tapis dans les ruines des vieux quartiers de New York (excellents décors naturels sis dans les ruines de South Bronx, à proximité de la fameuse jonction de Charlotte Street ), les Wolfen sont contraints de se nourrir de marginaux et rebuts de la société humaine.


Furtifs et discrets, ils survivent ainsi au cœur de la mégalopole, bâtie sur leur terrain de chasse ancestral.
Mais lorsque leur nouveau territoire est menacé par un projet immobilier de grand standing, la tribu millénaire va devoir sortir de l'ombre et défendre leur zone déjà peu étendue...


Parabole environnementale et mystique, Wolfen est un bijou sombre et pessimiste sur l'extension à outrance de la race humaine, induisant un mépris total pour la faune ainsi que les traditions d'un peuple asservi par l’égoïsme et la toute puissance de l'homme blanc.
Et cela mena donc à une évolution forcée..


Œuvre méconnue d'un documentaliste (Michael Wadleigh) et immédiatement assimilée à tort à la mode


des films de loup-garou


(encore aujourd'hui), Wolfen en paya le prix et fut boudée par le public (


car pas de loup-garou, donc


) lors de sa sortie (coincé entre Hurlements et Le Loup-Garou de Londres).


A redécouvrir pour l'interprétation des acteurs (mention spéciale pour Edward James Olmos), la réalisation élégante de Wadleigh, les scènes impliquant les loups ainsi que leur vision (solarisation de la pellicule, avec des nuances de couleurs selon l'humeur des loups).


Si vous avez bien suivi, Wolfen est donc plus un film new age à tendance écolo, mais sans pour autant se montrer gonflant ou prétentieux.
Non, Wadleigh s'approprie le roman de Strieber avec intelligence et mixe adroitement les frissons à la réflexion socio-sociétale, le tout illustré par la mélancolique partition du regretté James Horner.


Mais pourtant, nous ne saurons peut-être jamais quelle était la véritable vision de Wadleigh.
Il faut savoir que Wolfen a souffert durant la post-production. Le réal rendit son rough cut qui dépassait les 4h00 et bien sûr, la Warner ne comptait pas sortir un film tel que Wolfen avec une telle durée.


Par exemple, le début du film prenait place au XVIIe siècle et voyait le débarquement des Néerlandais sur l'île de Manaáhtaan (futur Manhattan) où vivaient en harmonie les Lenapes (tribu Amérindienne) et les Wolfens.
Une fois les colons installés et leurs conséquences débutants (maladies, alcool, armes, violence...), les Wolfens commencèrent à vivre cachés...


Comme souvent, friction entre studio et réal = bataille perdue d'avance. Et Wadleigh fut donc éjecté de la post-production et c'est John D. Hancock (le réal débarqué de Jaws 2 et remplacé par Jeannot Szwarc) qui vint superviser le montage final.


De nouveaux dialogues furent enregistrés et une multitude de scènes furent remontées, raccourcies ou supprimées.
Pour l'aider dans cette tâche ingrate, trois monteurs de plus furent embauchés pour tenter d'arriver à un résultat exploitable. Car pour évacuer 75 minutes de métrages, il faut retravailler la structure même du film comme supprimer certains arc-narratifs, recentrer l'intrigue principale et fortement élaguer dans la caractérisation des personnages principaux (y compris les Wolfens).


Pour en finir avec ça, Wolfen fait parti des films dit "maudits" car - à moins d'un miracle - nous ne verrons jamais l'oeuvre de Michael Wadleigh et m'est avis que nous passons donc à côté d'un film exceptionnel... ce qu'est déjà cette version remontée, cela dit !


"It's not wolves, it's Wolfen. For 20,000 years(...) the 'skins and wolves, the great hunting nations, lived together, nature in balance. Then the slaughter came."

Franck_Plissken
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le 7 mars 2016

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The Lizard King

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