DC ne DéCoit pas, sans vraiment se DéCider

Elle sera instrumentalisée, glorifiée ou vilipendée. La Wonder Woman version DC Extended Universe, la Wonder Woman nouvelle pourrait-on dire, présente son origin story au cinéma. Entre les férus de comics, les féministes et les fans de mythologie, elle est attendu au tournant. Il y a et il y aura des débats sur ses aisselles, le fait que ce soit une femmes, la comparaison avec Batman v. Superman et le jeu de Gal Gadot. Et sinon le film en lui-même ?



Des qualités, du plaisir malgré les défauts attendus



Bien sûr Gal Gadot n'est pas ce qu'on peut appeler une solide actrice. Elle serait plutôt le pendant féminin de Hugh Jackman, en utilisant les deux même expressions de manière quasi exclusive : le sourire charmant et le froncement de sourcils. Bien sûr les effets spéciaux sont un poil kitsch et pas au niveau de ceux de Marvel. Evidement les slow motions et autres fast forwards à répétition sont vite lassants. Enfin la fin du film est bâclée. Mais l'histoire, sa structure a la lisière du polar et du pamphlet anti-militariste, est surprenante et donc rafraîchissante dans un scénario de films de super héros. L'alchimie entre Chris Pine et Gal Gadot est indéniable. De plus tous les autres acteurs s'investissent dans leur rôle et semblent s'y amuser.



Sous texte en pagaille



Même si Wonder Woman fait penser dans son ensemble à Captain America : The First Avenger, en terme de ton et de construction, il y a aussi beaucoup de lectures possible sous-jacentes, à l'instar de Captain America : The Winter Soldier. Dans le film lui-même pour commencer. Le fait que cela soit un homme qui amène la guerre dans un monde de femmes n'est pas anodin. Que ce soit lui encore qui "save the day" alors qu'elle peut "save the world" résonne de manière profonde avec la place, non seulement de la femme, mais également de la féminité dans notre société. C'est en effet la seule à ressentir le mal et non pas à simplement y croire. Elle représente alors la femme plus proche de ses sensations, plus en lien avec l'invisible, plus près de la vérité qui se révèle justement dans le lien de son lasso magique. Il y a un côté presque spirituel. Surtout si on prend en compte que l'homme se sacrifie pour que la femme sauve le monde. Le masculin agit, le féminin unit. Pourtant, les clichés sont persistants, dans les films comme dans la société, il faut toujours que l'amour d'une femme s'exprime à travers un homme. Elle aurait pu simplement être imprégné d'un amour universel, d'un soupçon d'Aphrodite dans ce corps de Diane et ainsi ressentir l'urgence de la situation afin de triompher. Le contexte dans lequel se passe l'action ensuite, la Première Guerre mondiale et non la Seconde, permet aussi de varier et de ne pas resservir les sempiternels nazis en guise d'adversaires. Hors de l'histoire elle-même enfin, il y a même du géopolitique. En effet le film a été interdit au Liban car Gal Gadot est israélienne. Les exemples sont en effet multiples, cette liste est loin d'être exhaustive. Tout ceci provoque des phénomènes qui dépassent largement le cadre cinématographique. C'est assez rare pour un film de cet acabit, et rien que pour cela, il présente un intérêt certain.


Au final cette production DC ne suit aucune piste jusqu'au bout et joue la carte du divertissement sans s'engager. Peut-être est-ce intelligent de sa part, au moins commercialement, étant donné qu'elle doit plaire à une large audience. Pourtant elle assume son esthétique, le fait de prendre son temps, de creuser certains personnages. Wonder Woman soulève des points intéressants, parfois peut-être malgré lui et seuls les films de l'univers DC suivants pourront nous dire quel est sa place dans celui-ci. Pour le moment on peut simplement tomber amoureux de la beauté époustouflante du visage de Gal Gadot, filmée de manière avantageuse par Patty Jenkins, elle aussi tombée amoureuse des traits de son actrice. Et simplement se laisser aller dans ce spectacle incomplet mais plaisant.


P.S. : Ceci est mon cinq centième texte sur Sens Critique. Youpi !

Créée

le 23 juin 2017

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Fiuza

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