Le pouvoir de l'amour face aux critiques

Faut-il juger Wonder Woman comme étant un film de super-héros ? Un film appartenant à l'univers DC ? Un succès commercial propulsant le film de Patty Jenkins comme étant le plus prolifique aux USA ? Comme un blockbuster américain ? Comme "la nouveauté" qu'incarne le film avec une femme comme symbole ? Ou juste un film normal parmi tant d'autres ? C'est d'ailleurs amusant de voir que le premier film de super-héroïne a cartonné au box-office la même année que l'un des plus grands scandales du cinéma et l'affaire Weinstein.


Tantôt estampillé comme un film réussi, tantôt comme un film n'apportant rien de nouveau, les deux visions sont littéralement de mises. Car oui, Wonder Woman réchauffe une formule déjà existante depuis bien des années, mais présente tout de même suffisamment d'éléments corrects pour en faire un bon film.


Loin des succès des deux icônes Superman et Batman au cinéma, il aura fallu attendre trop longtemps pour que le dernier membre de la Trinité ait le droit à son adaptation. Comme un symbole, c'est bien la femme la plus forte qui a le droit en premier à son film au féminin (avant le délire des Ocean's Eight, des Expendables et des Avengers au féminin; mais après les Ghostbusters Snif). Malgré les échecs critiques des dernières productions Warner/DC, il paraît que le film de super-héros reste imperturbable au box-office, blason redoré grâce à la nouvelle mode des stand-alone. Peu friand des origin story dont je me tape le coquillard, c'est avant tout les notions d'univers connecté dans lesquels se croisent les icônes de mon enfance qui m'excite. Car oui, voir ces personnages prendre vie et interagissant les uns avec les autres à de quoi créer l'attente (c'est d'ailleurs cela qui a engendré le carton des Avengers).


Après le sublime Batman v Superman dont je ne m'arrêterai jamais de défendre, on attendait de revoir l'intervention de Gal Gadot dans un costume qui lui va à merveille. Les aventures de Diana Prince, princesse des amazones, se voulaient nécessairement épiques et explicatives quant à on attitude dans le film de Zack Snyder. Et Wonder Woman n'est qu'une partie de la réponse, se reposant comme l'a fait le premier Captain America, sur une période de l'histoire peu traitée au regard du genre super-héroïque. La Grande Guerre de 14-18 est fondamentalement horrible et constitue un virage déterminent dans l'horreur de la guerre. Bon choix donc, de représenter le personnage de BD ayant, sans l'ombre d'un doute, le plus de vertue et d'innocence. Malheureusement ce choix est survolé, et les séquences dans les tranchées à peine abordées. Bien que la séquence du no man's land soit peut être la meilleure du film, on peut regretter que l'horreur de la guerre ne soit pas mise en avant (on aurait pu voir les effets du gaz sur le village par exemple).


Bref, l'histoire n'est ici pas la force du film, classique au possible dans son schéma, entre présentation du personnage, choix à faire et à assumer avant de s'orienter vers un climax évident, Wonder Woman se veut en accord avec le reste du genre. Plus simple que ces deux prédécesseurs (Man of steel, BvS) en ne proposant qu'une intrigue: chercher Arès et le détruire, le film cache un gros manque de rythme, en étant mou par moment. Passés les quelques éléments comiques et souvent percutants, le déluge d'effets numériques sur les 20 dernières minutes auront de quoi rebuter certaines et certains. Plus lumineux dans sa forme et son propos, le changement de stratégie opéré à la suite de Batman v Superman, dont les prémices se voyaient dans Suicide Squad, est clair et net. Le rendu est très lumineux, et très trop souriant.


Côté direction artistique, le film est irréprochable, avec une début de film sur l'île paradisiaque de toute beauté, tranchant littéralement avec la grisaille de l'Europe guerroyante. La musique passable est décevante, la faute au thème incisif de BvS à peine repris dans ce film, pourquoi ?


Le style de Patty Jenkins use également de nombreux ralentis et peut faire sourire les détracteurs du père Snyder. Quoiqu'il en soit, la réalisation reste propre, et donne vie aux expressions des acteurs tous parfaits. Incroyable de voir un casting aussi clean, Robin Wright et Connie Nielsen superbes de charisme dans des rôles qui le nécessitaient. Même chose pour Chris Pine, dont le nom avait de quoi m'inquiéter car trop connoté, et pourtant, Steve Trevor est un personnage classieux, apportant une cachet certain. Demeure David Thewlis, acteur que j'adore, mais qui... ne fonctionne pas. Clairement ce genre de production n'est pas pour lui et ça me contrarie beaucoup d'écrire ces quelques mots. J'ai d'ailleurs moyennement aimé Arès, trop ressemblant à Magneto. Enfin je passe sur Gal Gadot, qui a su faire taire les critiques mal avisées à la limite du manque de respect. Elle est fraîche et parfaite dans son rôle.


Wonder Woman passe crème dans son visionnage. Malgré une certaine lassitude de voir encore un super-héros découvrir ses pouvoirs je ne me suis à aucun moment ennuyé. Mon amour pour DC faisant le reste, je ne peux que recommander le visionnage, mais loin de moi de faire de la discrimination positive, le film n'a d'intérêt que si l'on a apprécié la Wonder Woman de Batman v Superman, et non le fait que ce soit une femme.


Ceci étant dit, je reste dans le désespoir de voir davantage de cet univers que j'aime tant, et que malheureusement Warner/DC ne cessent de remanier à tort.


7/10.

RemsGoonix
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le 22 oct. 2017

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RemsGoonix

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