Wonderful Days
6.5
Wonderful Days

Long-métrage d'animation de Kim Moon-Saeng (2003)

En ce XXIIe siècle rongé par les dérèglements climatiques, l'Humanité toute entière vit sur une île isolée : si la ville d'Ecoban est conçue pour se « nourrir » des déchets industriels, celle de Mer n'a pas de tels moyens, alors ses habitants croupissent dans la misère, la violence et la faim, et certains servent d'ouvriers pour les chantiers d'Ecoban. Pour assurer son pouvoir, celle-ci maintient la pollution dont elle tire sa suprématie. Alors la révolte gronde dans les rues de Mer, et un groupe de résistance se met en place.

Au milieu de ce tumulte se retrouveront deux amis d'enfance jadis séparés par la jalousie et la haine. Membre de la police d'élite d'Ecoban, c'est en enquêtant sur la tentative d'infiltration d'un terroriste de Mer que Jay apprend à douter de la véritable nature de sa cité et de ses dirigeants. Peu à peu, le fragile équilibre commence à se fissurer...

Un résultat mitigé et inégal pour un projet qui se voulait apparemment ambitieux et qui réussit son coup au moins sur le plan technique. Bien sûr, ce film ne va pas sans rappeler Final Fantasy : les Créatures de l'esprit compte tenu de l'omniprésence de l'image de synthèse pour les décors. Venant de gens qui ont participé à Macross Zero, on aurait tort de s'attendre au pire. Quant aux personnages animés à la traditionnelle, ils s'intègrent très bien aux décors binaires dantesques qui m'ont fait regretter d'avoir vu ce film sur petit écran : au contraire d'un Ghost in the Shell 2 : Innocence qui se voulait surtout symboliste dans l'imagerie, les visuels de Wonderful Days ont pour but de gifler le spectateur et réussissent plutôt bien leur coup.

Les costumes des habitants d'Ecoban rappellent une sorte de mix entre la Guilde de Last Exile et The Five Star Stories – le (tristement méconnu en France) chef-d'œuvre de Mamoru Nagano – alors que les gens de Mer sont habillés de manière plus traditionnelle et « contemporaine » dans un style évoquant assez Mad Max. Les mécaniques et les architectures, quoique parfois un peu improbables, montrent un style fin et adroit qui ne manque pas de créativité et de charme dans le cas d'Ecoban, ou bien au contraire s'inscrivent en droite ligne dans une tradition « réaliste » perclue de saleté et de rouille pour ce qui est de Mer ; un tel contraste souligne ainsi davantage le fossé qui sépare les deux cités et permet au spectateur de saisir en un coup d'œil l'opulence d'une cité et la misère de l'autre.

Si les personnages sont un peu stéréotypés, et certains des secondaires à la limite de la caricature, la plupart restent assez cernés pour être attachants malgré tout, en particulier durant le final plutôt explosif. Hélas, certaines situations ne vont pas sans évoquer les oreilles de Mickey, même si ça aurait pu être pire, d'autant plus que les chara designs sont très occidentalisés dans l'ensemble : on se dit que les producteurs avaient une ambition internationale pour leur film et auraient dû y réussir vu leurs efforts mais seulement voilà, je n'ai jamais vu ce film à l'affiche dans une salle proche de chez moi et pourtant j'habite une ville de taille respectable avec de nombreux cinémas et multiplexes... Je n'en ai même pas entendu parler aux infos... Quel dommage qu'on ne permette pas aux gens de réaliser que les productions d'animation ne s'arrêtent pas à Pokemon.

Wonderful Days est donc un film sympathique et plutôt réussi qui semble malgré tout souffrir d'un peu « trop » de compromis comme le fit en son temps Final Fantasy : les Créatures de l'Esprit. Il reste néanmoins une production tout à fait honorable, et dont le propos est bien plus en prise avec le présent et ses préoccupations que ce que son univers futuriste peut le laisser croire au premier abord : en dépeignant de la sorte un univers séparé en deux modes de vie, l'un très avancé sur le plan technique et l'autre beaucoup moins, le parallèle sur la division Nord-Sud apparaît assez évident. Hélas, le récit se concentre bien plus sur l'action et les relations entre les personnages que sur les aspects politiques et sociaux, ce qui limite la portée de l'idée de départ. Pour autant, ce film vaut largement le coup d'œil, au sens strict du terme.

Récompense :

Grand Prix de la section Anim'arts du festival de Gérardmer en 2004.
LeDinoBleu
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Animation et Science-fiction

Créée

le 5 mars 2011

Critique lue 443 fois

5 j'aime

LeDinoBleu

Écrit par

Critique lue 443 fois

5

D'autres avis sur Wonderful Days

Wonderful Days
drélium
5

Très mitigé malgré l'évidente envie de bien faire.

Manque d'expérience et surtout gros manque d'originalité, de rythme et d'identité, wonderful days est parcouru d'une poignée de plans faits avec amour mais s'enlise dans le banal avec ses plans de...

le 3 oct. 2010

13 j'aime

5

Wonderful Days
Wobot
9

...In A Wonderful Word

L'anime déroute un peu les premières minutes à cause de son mélange pas très esthétique de 2D et de 3D dans l'animation. Après avoir oublié cet petit défaut, on est immergé dans cet univers sublimé...

le 1 avr. 2013

8 j'aime

Wonderful Days
AnZorn
3

Critique de Wonderful Days par AnZorn

Avec Wonderful Days on est malheureusement dans quelque chose d'une routine du film d'animation de science fiction. Récompense à Gerarmer oblige, on évitera pas la comparaison avec d'autres films du...

le 29 déc. 2010

7 j'aime

Du même critique

Serial Experiments Lain
LeDinoBleu
8

Paranoïa

Lain est une jeune fille renfermée et timide, avec pas mal de difficultés à se faire des amis. Il faut dire que sa famille « inhabituelle » ne lui facilite pas les choses. De plus, Lain ne comprend...

le 5 mars 2011

45 j'aime

L'Histoire sans fin
LeDinoBleu
8

Un Récit éternel

À une époque où le genre de l’heroic fantasy connaît une popularité sans précédent, il ne paraît pas incongru de rappeler qu’il n’entretient avec les légendes traditionnelles qu’un rapport en fin de...

le 17 août 2012

40 j'aime

Capitaine Sky et le Monde de demain
LeDinoBleu
8

Pulp (Science) Fiction

La science-fiction au cinéma obtient rarement l’assentiment des amateurs du genre dans sa forme littéraire, parce que cette dernière privilégie les idées et les émotions au spectaculaire et aux...

le 31 juil. 2011

33 j'aime

8