A s sortie, World Trade Center était paradoxalement à la fois un film que tout le monde attendait et un film qu’il ne fallait pas faire.
Oliver Stone a mis donc les pieds dans le plat et a réalisé cette chose aux allures de téléfilm hommage, comme pour revenir dans le cœur des américains qui le désavouaient. Si ses talents de cinéaste ne font pas de doutes dans la première demi-heure, les choses se gâtent ensuite…
En effet la première partie, jusqu’à l’écroulement de la première tour, est vraiment forte et terrible. C’est franchement réussi. La journée est filmée de façon ordinaire au plus près des policiers qui prennent leur service, jusqu’à ce que tout bascule. C’est filmé au cœur de la tragédie, comme une véritable scène de guerre, et c’est intense.
Puis tout bascule à partir du moment où Jimeno et McLoughlin sont coincés sous les décombres. Un parti pris de huis clos osé qui, au début, tient ses promesses. En effet au début leurs conversations pour se tenir éveillés, et survivre dans cet isolement horrible, sont captivantes, mais elles deviennent très vite ennuyeuses car d’une grande vacuité en regard de la situation extrême (ils sont quand même proches de la mort !). Mais le pire c’est le reste… Le film verse dans le mélo dégoulinant de pathos accompagné de patriotisme et de religion, avec de gros, très gros sabots ! Toutes les scènes avec les familles et les flashbacks en filtre « glow » sont d’un agacement suprême et n’arrache pas une seule larme. C’est totalement énervant et inutile, à tel point qu’on est content quand ça revient sur les deux policiers coincés. Le must reste quand même l’apparition de Jésus et aussi le personnage du « marines » qui s’improvise sauveteur. Ces deux éléments sont tellement risibles !
Bref hormis la première demi-heure tendue, filmée de main de maître, le reste n’est qu’un marasme pathétique agaçant qui ne rend pas, à mon avis, hommage aux victimes, comme le désirait Stone.