De World War Z, un premier temps, rien de bien intéressant n'a véritablement émané. Un cinéaste très moyen, Marc Forster, auteur du raté Quantum of Solace et d'autres réalisations aux qualités plutôt aléatoires. Des scénaristes qui s'enchaînent, se remplacent, réécrivent à tours de rôles le scénario. Une distribution à sens unique, avec Brad Pitt en seule tête d'affiche. Une bande annonce encombrée, pas très originale, faisant craindre le pire. Bref, constat sans appel : rien de bien neuf sous le soleil du blockbuster d'été.

Sauf qu'il y a un deuxième temps, toujours, même pour les productions qui n'attirent pas l’œil. Ici, elle prend forme sous certains détails, notamment à propos de la société de production, Plan B Entertainment. Fondée par Brad Grey, Jennifer Aniston et...Brad Pitt, l'entreprise, créée en 2002, a produit une série de films qui valent le coup d’œil : Kick-Ass, The Tree of Life, Les Infiltrés, L’ Assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford et, bientôt, le Twelve Years a slave de Steve McQueen (Shame, Hunger). Une société de prod' avec du nez, donc, et qui rachète, en 2006, les droits d'adaptations du livre World War Z de Max Brooks, le fils de Mel.

Sept ans et des complications de tournage plus tard, WWZ sort enfin de terre pour nous conter l'histoire de Gerry Lane (Brad Pitt), ancien membre de l'ONU, pris, lui et sa famille, dans une apocalypse d'origine inconnue. Le début du film fait d'ailleurs fortement penser à la Guerre des mondes : Brad en bon père de famille se retrouve en plein conflit mondial. La comparaison s'arrêtera ici, WWZ ne prend pas le temps d'installer son intrigue et nous balance dans le feu de l'action en moins de dix minutes. On reconnaît là la patte Forster : on frappe d'abord, on réfléchit ensuite. Le style n'allait pas du tout à la saga James Bond. On se souvient que Quantum of Solace enchaînait les scènes frénétiques et finissait par faire de Daniel Craig et de son personnage un random héros de simple film d'action. A l'inverse, si ça ne convenait pas vraiment à l'espion de sa majesté, on peut dire que ça va comme un gant à Brad.

L'acteur, en héros d'action (une première) donne l'impression d'avoir joué ça toute sa vie. Balancé d'un lieu à un autre, le personnage qu'il campe, Gerry Lane, doit, après avoir protégé sa famille, reprendre du service et chercher l'origine de l'infection. L'occasion pour le metteur en scène d'en mettre plein la vue : d'une base militaire en Corée au mur de Jérusalem, en passant par une scène d'avion jusqu'à un laboratoire en Écosse, WWZ impressionne.

Faisant fît de toutes subtilités, anti-poseur au possible, le cinéaste se désencombre vite de toutes scènes d'expositions au profit d'une introduction dynamite qui met tout de suite dans le bain. Les scènes à Philadelphie (en réalité à Glasgow) conditionnent rapidement le spectateur au rythme du film. Bien aidé par une représentation moderne du Zombie : plus rapide, plus tenace, plus puissant, les morts-vivants de Forster (ou de Brooks) provoquent bien plus de stress ou de peur que la représentation commune qui en est généralement faite au cinéma. En outre, malgré son statut de «zombie pour grand public», la réalisation reste interdite aux moins de douze ans et propose son lot d'images fortes, notamment une amputation de bras pas très académique. Puis, comme le titre l'indique, le décor change brusquement : WWZ est une super-production internationale, mondiale se déplaçant aux quatre coins du monde. L'objectif, manifeste, de globalisation tient dans l'impérativité de contextualiser l'urgence à une échelle vertigineuse, incontrôlable. Le sentiment de panique, d'incompréhension est renforcer par la mise en scène à l'épaule du réalisateur, visiblement fan de la steady cam. Cette sensation de mouvement, avec une caméra qui part dans tous les sens, dérange au début puis nous immerge finalement dans l'ambiance de ce très bon blockbuster.

Toujours plus loin, toujours plus haut, toujours plus fort semble être le slogan punchy de cette grosse production qui n'a pas froid aux yeux et enchaîne les morceaux de bravoures au rythme effréné de sa structure, pensée comme un grand jeu vidéo. Bien qu'adapté du roman apocalyptique de Max Brooks, WWR a justement cette stature vidéo-ludique de par sa construction en niveau où l'intensité, le spectaculaire augmente de façon croissante en occultant sciemment le moindre temps mort. Une adaptation en jeu vidéo est d'ailleurs prévu, Paramount Pictures ayant déjà déposé le nom en quête d'une futur déclinaison. De plus, si le métrage est un succès, deux suites se destineraient à voir le jour. Une règle de base à Hollywood, quasiment sans exception, qui, au vu de ce premier volet explosif et marquant, reste, pour une fois, loin d'être une mauvaise idée.
Nicolas_Chausso
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le 7 sept. 2013

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