J’avais vu, et adoré, God bless America il y a maintenant 4 ans (wow, déjà ?), mais c’était resté jusque là le seul film de Bobcat Goldthwait que j’aie regardé. Il faut dire aussi que sa réalisation suivante avait été un film d’horreur en found footage avec Bigfoot, ce qui m’avait sacrément refroidi.
Mais juste avant God bless America, il avait fait World’s greatest dad, passé encore plus inaperçu. Je suis retombé dessus étant donné que je me fais un petit marathon Robin Williams en ce moment, et en me penchant un peu plus sur le sujet je me suis rendu compte que le pitch de ce film avait de quoi me plaire.


Robin Williams incarne Lance, auteur qui en est à son cinquième roman, mais ne parvient toujours pas à être publié. A défaut de percer, il dirige un cours de poésie dans un lycée, qui risque de disparaître faute d’élèves intéressés. Et Lance se fait marcher dessus à la fois par son boss, et son fils, qu’il élève seul et qui n’a aucun respect pour lui.
Le héros rappelle plus ou moins celui de God bless America, un quinquagénaire qui peut constater au quotidien comme sa vie est un échec sur à peu près tous les tableaux, et qui voit autour de lui ceux qui réussissent mieux que lui.
On aurait tendance à le qualifier de loser, car il est aux antipodes de ce qu’on considère comme un héros au cinéma… Ce qui est triste, c’est que le personnage est réaliste ; on s’imagine pleins de gens dans une situation semblable. C’est un constat dramatique, mais le film reste une comédie… une comédie acide, ou une "sad comedy", comme dirait Todd Solondz de ses propres films.
Des situations dénotent toutefois par rapport à ce portrait morose, et lui font perdre en pertinence, en étant poussives et d’une exagération qui fait virer la comédie vers le grotesque.
La fille qui lit un poème sur sa fausse couche, le fils adepte de porno tordu, … Un personnage par ailleurs fort énervant, que j’ai eu maintes fois envie de frapper.
La collègue fougueuse avec qui sort Lance fait aussi tache : étant plus jeune et plus jolie que lui, on se demande, tout comme le protagoniste, comment il peut sortir avec elle.
Le seule problème dans leur relation, comme Lance le découvre plus tard, c’est que la fille ne le comprend pas vraiment.
Le ton est bien plus incisif que dans les films où Robin Williams joue habituellement, c’est surprenant, surtout quand une des premières scènes montre le héros surprendre son fils en train de se masturber.
Etrange aussi de voir l’acteur dans le rôle d’un fan de SF et de films de zombies, au milieu de posters de La nuit des morts-vivants ou Le père Noël contre les martiens, et qui cite Simon Pegg ! (quoique ça fasse plaisir)


World’s greatest dad tarde quoiqu’il en soit à démarrer, en fait l’élément perturbateur n’arrive presque qu’au bout de 40mn. Et là encore, le film traîne à en venir à son principal sujet.
J’ai l’impression que l’intrigue était trop légère pour un long-métrage, et que le réalisateur a donc comblé avec des scènes pas forcément nécessaires, qui expriment la même chose : que le fils est un sale con, que Lance soupçonne sa copine de le tromper, etc…
Le film aurait gagné en efficacité en réduisant le nombre de scènes qui reviennent là-dessus, et le spectateur n’en aurait pas moins bien assimilé ces points que j’ai évoqués.
Et donc cet élément perturbateur, c’est un incident qui permet enfin à Lance d’exprimer auprès de tous ce qu’il a sur le cœur… mais en cachant sa réelle identité. Comme quoi, jusqu’au bout, il se fait entuber.
La séquence de la découverte de ce qu’il a écrit était pas loin d’être touchante… mais est gâchée par des effets de mise en scène très lourds.
C’était une bonne idée de faire de sa publication une sorte d’illumination pour ses étudiants, qui y voient chacun ce qu’ils veulent en pensant se reconnaître dans le texte, mais le traitement de leurs réactions est grotesque, il prend à chaque fois une tournure comique trop insistante.
Les réactions des personnages sont dépourvus de nuances ; je ne sais pas si les acteurs sont bons ou mauvais, en tout cas ils ont tous été dirigés de sorte à en faire trop.
J’ai lu qu’avec ce film, Bobcat Goldthwait visait l’hypocrisie de notre société, et en cela j’espérais trouver un propos mordant comme dans God bless America, mais la lourdeur du traitement retire toute pertinence au film. Je trouve seulement qu’il vise juste dans sa représentation des media opportunistes et des rapaces du showbiz.


Ce que j’ai apprécié, c’est cette BO, qui comprend une bonne sélection de chansons… quoique le film abuse de leur usage, puisqu’il en place une à chaque montage de transition.
J’ai aimé aussi cette ambiance plombante, pendant un temps, avant que le film ne tourne vraiment au vinaigre.
Bon, étant donné les notes des réalisations restantes de Goldthwait, je crois que je vais m’abstenir d’en voir d’autres.

Fry3000
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le 24 oct. 2016

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Wykydtron IV

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