Quentin Dupieux construit de film en film un univers clos, centré sur lui-même, ses obsessions et ses manies, en offrant un minimum de clefs pour le déchiffrer. ça peut être très beau comme dans Steak ou totalement raté comme dans Rubber, film tellement pas sûr de lui qu'il se sentait obligé de rajouter un discours explicatif sur les images pour bien nous faire comprendre qu'il s'agissait de second degré, tu vois ? Wrong est pile-poil entre les deux. Il est plus intéressant que Rubber, car il est plus posé, moins "discours sur le cinéma expliqué par un gamin de 5ème" et plus mur en terme de mise en scène. Il y a quelque chose de construit, de moins bâclé. En revanche, on est très loin de Steak. Le film est en vase clos, et son originalité s'essouffle beaucoup trop vite, si tant est qu'on maitrise un tant soit peu l'univers de Dupieux/Mr Oizo. Il nous confronte toujours aux mêmes figures de style, toujours aux mêmes effets, et le minimalisme décalé a malheureusement ses limites. Dans ce succédané de Lost Highway où tout ce qui est inquiétant aurait disparu, Dupieux n'échappe pas à ses démons : son film est affreusement "mode", peut immédiatement se décliner en t-shirt, porte-clés, singles, peluches etc. Tous ses articles se retrouveront sans doute un jour chez Colette, aux côtés du dvd de ce film qui semble avoir été conçu uniquement pour les clients du magasin.