Un film de Mr. Oizo? Comment ça Mr. Oizo fait des films?! Ok, j'y cours.
Ignorant totalement les talents de Dupieux dans le septième art, c'est en tant que simple fan de musique que je pénètre dans la salle obscure abritant ce Wrong Cops graisseux. Je ne ferai aucune comparaison avec l'ensemble de sa filmographie, je n'ai toujours pas vu Rubber et compagnie.
Et pourtant, les premières secondes du film m'ont scotchées un sourire narquois qui ne m'a pas quitté de toute la soirée. Il s'agit de flics totalement en marge de la société évoluant dans un Los Angeles atypique, dealer qui bois, fume et mange en conduisant (le tout à la fois hein) pour l'un, obsédé sexuel pour l'autre, une blondasse horriblement vulgaire avide de moneymoney et enfin un petit flic ayant beaucoup de mal à s'imposer et à trouver quelqu'un qui reconnaisse ses talents d'artiste. Voilà les flics, des personnages crus, pas très bavards mais si bien construits dans l'esprit de "connard", d'anticonformisme, qu'ils gagnent un charisme et une prestance magistrale digne de Pierce Brosnan.
Ce film est un OVNI, même LA a l'air d'être perdue au milieu de nul part. Dupieux ne se concentre que sur SES personnages, pas de foule, de figurants, c'est simple et efficace. Ce qui fait le génie de Wrong Cops vient du fait que même les personnages mineurs ont un caractère badass, de connard très stéréotypé (la caissière au décolleté plus bas que son nombril, un gros gamin défiant du regard un flic, etc.) et dès lors, la mayonnaise prend à merveille.
L'absurdité est maîtrisée à merveille et a provoqué en moi un rire continu durant tout le film, quand bien même je n'ai pas l'impression que la majeure partie du public dans la salle ait réagit comme cela…
L'univers non-sensique de Dupieux suit malgré tout une logique scénaristique qui ici s'articule autour de la musique et relie tous les protagonistes part un lien tacite qui rend légitime les situations surréalistes (cf. la scène où un blessé par balle demande à ré-entendre une musique). J'adore aussi l'esthétique du film, très particulière avec une image cropée et floue sur les côté, l'aspect profondément badass se retrouve même dans l'image ou encore le cadrage souvent rattrapé à coup de zooms hasardeux.
Un film qui fait plaisir à voir, on a là avec Quentin Dupieux un véritable artiste, qui crée par pure envie, sans message sous-jacent, idéologie politique cachée ou même d'un "quelque chose que je veux dire", non. Il s'agit uniquement de faire, obéissant presque à un besoin de création qui le dépasse. De l'expressivité à l'état brut qui mérite largement le détour.