Nés sous X

Le début des années 2000. Période charnière du film de super-héros. Des quatre coins de la silicon valley, des ordinateurs de plus en plus puissants vont rendre possible l'imagerie débridée des comics d'origine... Non qu'il était exclu que de bons films de super-héros soient faits ( Superman, Totoro... ) mais cette fois toutes les manifestations des pouvoirs de nos héros vont voir le jour sans restriction. On va voir les Spider-Man, Les 4 Fantsastiques, Hulk débouler en fanfare, et en guise de mise-en-bouche... X-Men.

Véritable produit de son temps, le comics trimbale avec lui un bagage culturel et politique chargé ainsi qu'un riche pléiade de personnages. Comment donc va-t'on pouvoir envisager ça en moins de deux heures ?
Tel est le défi que se lance Bryan Singer, qui a explosé à la face du monde entier avec The Usual Suspects, et se voit confier les rênes de l'entreprise par Lauren Shuler Donner, productrice de succès planétaires comme les Sauvez Willy.

Bref le film démarre et Bim ! un bon coup de poing dans le ventre en guise d'accueil ! plongé dans la boue des camps de concentration, le jeune Magneto se découvre la capacité de contrôler le métal... Fasciné par les origines du mal et sa représentation ( voyez par exemple le flashback de Keyser Söze ou Apt Pupil... ) Bryan utilise l'univers X-Men pour l'ancrer dans le réel et en décortiquer les répercutions sur nos vies.

Ainsi le plus grand méchant de la série, Magneto, est une victime du mal qui ne connait plus d'autre champ d'action que la prise de pouvoir par la violence. Face à lui, Xavier ( ou "Wheels" ) est le pondéré plein d'espoir qui sait qu'œuvrer pour le bien prend plus de temps... Cet affrontement n'est évidemment pas sans rappeler Malcolm X/Martin Luther King qui chacun à sa façon tentait de faire progresser leurs droits.

Car en effet, les X-Men représentent une minorité. Personne ne les acclame ni ne leur donne les clefs de la ville comme Spider-Man. Ils sont accueillis avec stupeur, crainte et dégout. Et c'est dans cet univers impitoyable que Rogue fait la connaissance de Wolverine : deux parias condamnés par leur nature à être de dangereux asociaux... avant d'être récupérés par le bienveillant Xavier. Non le mal et la violence ne sont pas une fatalité.

Présentant dans son incipit tous les personnages et les développements thématiques, le film revêt un aspect Pilote-de-Série qui fut en son temps pointé du doigt, mais à qui je répondais : "Bah si c'est ça je veux bien voir la série !"
Photo somptueuse par Newton Thomas Sigel, montage aux petits oignons de John Ottman et surtout la musique du grand génie Michael Kamen, développant un thème par personnage en mêlant les instruments quand ils entrent en confrontation. Un travail d'orfèvre inégalé. Ajoutez à cela un casting quasi-irréprochable et vous avez avec ce film LA réussite que le genre attendait.

Après, j'ai quand même quelques regrets : j'aurais largement préféré Angela Bassett dans le rôle de Storm, et aussi virer certaines punchlines débiles ( comme celle de Storm justement, quand elle envoie Toad griller ses cuisses ailleurs... ) mais force est de constater avec le recul des ans que cet épisode constitue le haut du panier de la série.

Malgré tout, il lui reste un bon épisode avant la dégringolade...