The lost phoenix of X

A contrario du MCU, la saga de Singer a toujours privilégié l'humain à l'exploit super-héroïque, introduisant de la substance et des relations souvent pertinentes entre ses personnages. Seul "l'affrontement final" de Ratner s'était débarrassé de cette encombrante complexité en transformant ses protagonistes en gentils bourrins bas de plafond et ses méchants en terroristes SDF aussi nuancés qu'un discours d'Éric Zemmour. Si le précédent volet n'était pas spécialement réussi, la faute à un Oscar Isaac ridicule en Apocalypse et à des ruptures de rythme spectaculaires, il n'en preservait pas moins une immense affection pour ses mutants et l'univers de la série. L'arc Arme X avait même été repris divinement le temps d'un cameo de Hugh Jackman afin de faire oublier l'abominable spin-off sur Wolverine. Pour le film de Kindberg, le challenge était à peu près identique : redonner ses lettres de noblesse à l'histoire du Phénix noir massacrée dans le film de Ratner. Énorme surprise, c'est quasiment pire. Si l'introduction misant sur le passé tragique de Jean Grey n'est pas des plus originales, elle est loin d'annoncer le piétinement de 20 années de saga mythologique. Et le mythe le réalisateur/producteur s'en bat les roubignoles. Ici Xavier a une ligne privée avec le président du monde libre, le X-jet est prêt pour un sauvetage cosmique sans rien modifier de sa structure, Magneto fait de l'agriculture bio sur la fameuse île de Genosha, ici juste un morceau de terre et des cabanes en tôles aux couleurs vives et Quicksilver à droit à deux micro-scènes avant de se faire dégager par Grey car les effets spéciaux coûtent cher. Mystique a droit à un traitement infâme fleurant bon le désintéressement de l'actrice non sans avoir rabroué à plusieurs reprises le leader chauve sur ses décisions étonnamment stupides. Sophie Turner est complètement à côté de son personnage pas aidée non plus par le traitement ultra-basique infligé par le scénariste entre pleurs, repli sur soi et interrogations futiles sur ses fréquentations. Tout cela s'enchaîne avec une maladresse assez impressionnante comme on fixerait des images dans un cahier panini le tout sans aucune surprise dans le déroulement de l'histoire à part l'apparition anecdotique mais heureuse d'une mutante musicale que la fan-base réclamait depuis longtemps. La psychologie des personnages est réduite à du "je suis avec toi, je suis contre toi, j'était contre toi mais je suis avec toi" inadmissible. Niveau visuel ce n'est pas mieux avec cette photo digne de "maison à vendre", les effets spéciaux ne font que de la redite et ne parviennent jamais à rendre justice au pouvoir cosmique de Jean Grey avec une paresse incroyable. On sauvera juste une séquence de train assez sympathique qui permet de voir un peu ce que pourrait donner un "dark Diablo" avec une arme blanche dans un climax en charentaises. Cerise sur le gâteau surlignant le ratage indubitable de l'entreprise le score de Hans Zimmer, indigne de son auteur avec un recyclage pompeux de ses succès. Les dialogues bénéficient également d'un traitement de télé-réalité engoncés dans des prestations toutes plus médiocres les unes que les autres, Jessica Chastain essayant de rester à flot dans un des pires rôles de sa carrière. Bref un chant du cygne inepte s'achevant sur une scène parmi les plus ridicules de l'histoire des super-héros. A noter également l'enterrement d'un personnage le plus rapide aussi avec un seul plan. Seule la larme tardive mais poignante de Michael Fassbender laisse entendre ce qu'aurai pu être le film sans un désintérêt total de ses producteurs témoin cette absence inexplicable de vieillissement des protagonistes en 30 ans.