"X-Men First Class" ayant réussi son parti de relancer la franchise X-Men au cinéma avec maestria, une suite est aussitôt lancé avec, comme de coutume, la même équipe. Sauf que voilà, Mathew Vaughn a la tête ailleurs, un autre projet ("Kingsman") le tente particulièrement au point de laisser sur le carreau la suite de "First Class" qu'il confie du coup à... Bryan Singer, ni plus ni moins que l'homme derrière les somptueux "X-Men" et "X-Men 2", par ailleurs producteur et co-scénariste du fameux "First Class".
De retour aux commande de sa franchise bien-aimée, Singer impose d'emblée ses conditions. Le scénario de cette suite devra, histoire de ramener un peu de cohérence au sein de la saga mutante plombé par "X-Men 3" et "X-Men origins Wolverine", faire intervenir les protagonistes de l'ancienne trilogie, soit Tornade, Wolverine, Shadowcat, Iceman, Colossus et... le professeur X et Magnéto âgé ! Oui mais... comment ? Et soudain, l'idée du voyage dans le temps fait office d'idée de génie dans la tête de Singer, envisageant d'ailleurs ce nouvel opus comme un film de science-fiction. Le voyage dans le temps servira donc de pont, en quelque sorte, entre le passé (dans lequel vivent donc les versions jeunes du Professeur X, Magnéto, Mystique, Beast, etc) et le futur (Wolverine, Tornade, etc). La nouvelle menace devra donc jouer sur les deux temporalités. Quoi de mieux que de montrer les Sentinelles, de terrifiants robots chargé de décimer l'entièreté de la race mutante, capables (dans le futur) de s'adapter aux pouvoirs des mutants pour mieux les mettre en pièces. Logan/Wolverine, de par son statut d'immortel, est logiquement choisi pour effectuer le voyage dans le passé. L'objectif de sa mission ? Faire réconcilier le Professeur X et Magnéto à une époque où, 10 ans après les événements de "First Class", les deux anciens amis en étaient venus à se détester.
Sur ce postulat scénaristique quelque peu complexe sur papier, Singer parvient à insuffler du rythme, de l'efficacité à une intrigue par ailleurs riche en suspense (il s'agit tout de même d'une course contre le temps) mais surtout, et c'est ce qui fait en partie du film un petit chef d'oeuvre, Singer apporte une vision profondément tragique, une tension dramatique extrême que n'avait jusqu'à présent encore jamais abordé aucun des films de la saga (pas même "X-Men 2"). Cette tension dramatique extrême atteint son paroxysme lors d'une séquence (incontestablement l'une des plus bouleversantes de tout la saga) durant laquelle le Professeur X jeune et le même Professeur X vieux se rencontrent et apprennent à se comprendre, le Professeur X expliquant à son "moi jeune" en quoi le fait d'accepter et surtout de surmonter d'endurer la souffrance, le désespoir des mutants peut constituer le plus beau des cadeaux.
Le dernier acte du film, riche en moments sombres (Magnéto jeune prenant le contrôle des Sentinelles afin de donner une "leçon" aux humains, les mutants du futur périssant un à un, Mystique bien décidé à commettre l'irréparable en envisageant de tuer Trask, le nain concepteur des Sentinelles) met en avant avec une puissance émotionnelle rares les grandes thématiques de la saga : l'acceptation de la différence de l'autre, .l'opposition entre pacifisme et extrémisme, la paranoïa galopante, etc.
Nettement plus sombre que les autres opus de la franchise, "Days of future past" n'en oublie pas pour autant une certaine légèreté dans l'humour (le côté ours mal léché de Wolverine, l'introduction de l'amusant Quicksilver) ainsi que des scènes d'action particulièrement spectaculaire (une scène d'évasion orchestré par Quicksilver qui, depuis, fait office de scène culte de l'ensemble de la saga; une autre montrant Magnéto jeune soulever littéralement un stade pour y emprisonner la Maison Blanche elle-même.
Dense, épique, tragique, émouvant, profond, ambitieux... "Days of future past", de par son récit faussement alambiqué et surtout très fouillé, permet à la fois de faire la synthèse des événements des 4 autres films de la saga, soit pour en modifier certains de manière légère (ceux d'"X-Men 1 et 2"), soit pour aller jusqu'à en supprimer purement et simplement d'autres (X-Men 3).
En un mot comme un cent, une réussite majeure en tous points et, pour l'instant, le chef d'oeuvre de la saga. UN MUST !!!