Au festival de Cannes, certains vont voir The artist (quoique, je l'ai vu aussi) ou Tree of life (pas pu y aller), d'autres s'émerveillent devant les affiches toutes plus extravagantes les unes que les autres au Marché du film, en sachant que 95% de ces sottises sur pellicules ne seront jamais diffusés en France, et décident donc de profiter des quelques projections sur la Croisette normalement réservées aux acheteurs.
Pour Yakuza weapon, j'avais vu l'affiche au marché du film la veille, ça m'avait fait penser à Machine girl à cause de la prothèse au bras qui est une sulfateuse, je me demandais si les deux faisaient partie du même courant que j'aime appeler de façon courte "Mad asia", même si "nouvelle vague de sang déjantée venue d'Asie" conviendrait mieux, et en tout cas il faisait déjà partie des films que je voulais voir, avec 50 autres aux titres et/ou visuels farfelus et dont j'ai récupéré le feuillet au Marché.

Je n'avais pu voir Naked soldier, ou même Bong of the dead, la veille, mais là je pouvais voir Yakuza weapon, qui m'intéressait déjà bien plus.
J'avais une idée de la démence de ce à quoi j'allais assister, mais on nous annonce tout de même à quoi s'attendre avant même le film, avec la courte vidéo présentant la société "Sushi typhoon", qui consiste en un plan d'un maki soigneusement préparé qui soudain explose.
Le début du film annonce aussi immédiatement la suite des évènements.
En ouverture, une définition austère de ce qu'est le yakuza, qui ne peut certainement pas être prise au sérieux en se doutant de ce qui va surgir après.
La première séquence nous présente le héros dans toute sa splendeur, tenant debout tandis que des militaires s'effondrent autour de lui en se faisant toucher par balles. Shozo, lui, reste dressé sur ses pieds, et nous fournit une information utile : "you only get hit when you're afraid to get hit". Ainsi lui est-il possible de sauter sur des mines sans crainte, tant qu'il hurle à pleins poumons "willpower !".
Le ton est donné, pour ce film qui allie action dénuée de toute raison et humour idiot, souvent scabreux. Ce dernier passe plus ou moins bien selon les cas : un ennemi qui imite une pose de combat où il est accroupi, craquant alors son pantalon et pétant, ce n'est pas drôle, malgré l'intention première acceptable. Un chef qui sort des toilettes en disant que le boucan l'a déconcentré alors qu'il déféquait, par contre, c'est déjà plus comique, mais la différence tient à peu de choses.

Il y a des passages brefs qui paraissent s'aventurer dans d'autres genres, comme des intrus totalement abscons, comme avec ce plan au ralenti sur une perruque qui vole au vent durant un combat, ou ce soutien-gorge d'une ennemie qui, curieusement, tombe après qu'elle ait été anéantie.
Pour perpétuer la tradition de Robo-geisha ou Battlefield baseball, l'humour crétin est couplé avec une violence amplifiée et basée sur de l'excentricité qui se renouvelle toujours : des chaussures à crampons perceurs, ou un lance-missile dans le genou.
Etrangement, dans Yakuza weapon est inclue une histoire dramatique apparemment plus sérieuse, se basant sur des flashbacks du héros avec un ami de longue date, dont la soeur a été violée et qu'il veut venger. Il y a là une tentative honorable de vouloir approfondir l'histoire en explorant le passé du personnage principal, avec toujours des touches d'humour de temps à autres, en même temps que nous assistons à son retour dans son quartier après des années d'absence. Cependant ce tournant est trop inatendu, et certains retours en arrière perdent au premier abord le spectateur s'attendant à un spectacle totalement décérébré du côté de son scénario.

Le retour au délire complet ne tarde heureusement pas, avec l'équipement bionique du personnage principal en sus.
Les effets spéciaux numériques sont très médiocres, le sang est clairement faux, les explosions aussi, et les astuces utilisées pour installer une illusion sont visibles : le bâton de TNT en CGI quitte l'espace visible avant de pouvoir exploser, hors-champ.
Les combats quant à eux ne sont pas mauvais mais trop banals, quoiqu'un renouvellement s'effectue avec un plan-séquence phénoménal en moitié de film qui permet de rendre impressionnant ce qui était devenu une simple répétition de coups de pieds, de poings, et de tirs à la sulfateuse.
L'autre idée très marquante qui arrive en seconde partie du long-métrage est cette femme littéralement objet, transformée en une arme obscène dont tous les orifices et toutes les positions sont mobilisées pour tirer des coups, et toutes les possibilités sont exploitées à partir de cette même idée de départ pour en obtenir le maximum.

La fin, jusqu'au-boutiste et complètement absurde, s'inscrit dans une certaine logique puisqu'elle donne en quelque sorte la définition détournée de "yakuza" d'après les réalisateurs, comme en réponse à celle plus traditionnelle du début, les deux se rejoignant dans une certaine mesure, puisque pour les géniteurs du film, la figure Japonaise qu'ils évoquent dans le titre est caractérisée par une détermination et un courage sans faille. Le héros se montre digne de son statut de yakuza, quitte à se tuer en emportant d'autres personnes avec lui dans une explosion titanesque, cela afin de déjouer les plans d'un fou qui a mis une ogive nucléaire à son entrejambe.
Fry3000
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le 11 juil. 2011

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