On notera le point à la fin du titre du film

À partir du moment où Your Name est devenu l’anime le plus lucratif de tous les temps dans le monde, dépassant Le Voyage de Chihiro et ses 289 millions de dollars de recettes, et qu'il a permis de propulser Makoto Shinkai sur la scène internationale, au même titre qu'Hayao Miyazaki, le voir est presque devenu une obligation pour les fans de l'animation japonaise.
Face à un tel succès, bien que mitigé en France, il faut se pencher sur ses qualités mais surtout par ses défauts.

Si, par moment, Your Name. arrive à dépasser des autres productions de Makoto Shinkai, il n’en est pas pour autant parfait, à commencer par sa réalisation.
Le type de narration employé dans lequel on alterne le point de vue des personnages comporte à mon sens un défaut : on ne peut se concentrer que sur une personne à la fois. Le médium du film est par sa conception relativement court, divisé en deux sous-histoires, on ne nous laisse que très peu de temps pour nous attacher aux personnages. Changer notre vision toutes les dix minutes est légèrement perturbant.
Heureusement, si lors de la première partie du film Taki reste peu attachant, la seconde moitié le remet sur le devant de la scène ce qui rétablit l’équilibre.

Les véritables griefs que je reproche au film sont une faute du réalisateur. Pour commencer, on ne connaît pas assez bien Taki, qui il est et ce qu'il veut devenir, pourquoi, etc. Veut-il vivre dans le corps d'une femme à la campagne, jamais on ne le saura contrairement à Mitsuha chez qui sa pensée est clairement exprimée. Au final ses motivations sont un peu confuses, et ce jusqu'à la fin du film malgré la seconde moitié.

La deuxième faute intervient à la moitié du visionnage. Un léger plot twist assez surprenant permet de relancer l'intrigue, jusqu'ici sans réel but. Mais le réalisateur n'a pas su profiter de cette chance pour renouveler sa trame et a préféré s'étaler sur la longueur, en failliant par moment à mener maladroitement au pathos (musubi). Les scènes commencent à se répéter (le nombre de fois où ils se croisent), les personnages n'ont plus de motifs valables (pourquoi connaître son nom ?) et le happy end de fin est douloureux (dans les sens où tout le monde est vivant).

Pour la troisième... j'ai une impression de déjà-vu. Shinkai reprend le même type de romance que pour ses précédents films, ce qui, au bout d'un moment, devient un peu lassant.
Par exemple, les similitudes à La tour au-delà des nuages sont nombreuses ; que ce soit la scène sur la montagne ou dans la chambre d'hôpital, ou même encore le contexte (sauver quelqu'un), finalement il innove assez peu en reprenant à chaque fois une même intrigue. La fin est également comparable à 5 cm per second, mais qui, contrairement à Your Name, ne dure pas une éternité.
Gardant tout de même un côté nostalgique et mélancolique, mélangé à un onirisme convaincant, reste une approche sensible réussie qui a de quoi émouvoir. Bien que la trame soit romancée à tel point qu'elle perde en réalisme, elle est contrebalancée par les passages fantastiques qui rétablissent l'équilibre pour donner plus de fluidité au récit.

Sinon, comme d'habitude, pour toutes ses productions, Makoto Shinkai nous propose des paysages magnifiques et une esthétique sublime. On retrouve ses fameux couchers de soleil, ses décors à en couper le souffle, et un réalisme des objets de la vie quotidienne vraiment étonnant. Que ce soit le ciel pastel ou les nuits étoilées, c'est beau et on apprécie. On remarque également une hausse de qualité sur le chara design des personnages, ceux de La tour au-delà des nuages, 5 centimètres par seconde, The garden of words et (surtout) The voices of a distant star étant tout de même bâclés.

Finalement Your name. aura été un film avec de bonnes idées mais qui s'effaceront rapidement sous les nombreuses incohérences qu'on pourra retrouver (est-ce normal qu’aucun des deux ne remarquent qu’ils ne sont pas dans la bonne époque ?). Malgré des décors et une BO superbe, Shinkai nous montrera un film "déjà-vu" comportant principalement les mêmes défauts que ses autres productions.